1804 Charles Désiré Martel Fauvel

Charles Désiré Joseph MARTEL  16 mars 1804 – 3 juillet 1883      Mélanie FAUVEL   17 janvier 1815 – 21 février 1905

 

1833

Le 30 décembre, Charles Marie Martel, marchand cirier décède  en son domicile 19 rue des Epéers.

Son fils Charles Désiré  29 ans prend la suite et continue son activité  au domicile où il vit avec sa mère Charlotte Hermant.

 

Cet hiver 1834, le 30 janvier, le Mémorial rapporte: «  L’inondation fait tous les jours de nouveaux progrès dans nos environs ; les eaux sont tellement élevées qu’elles couvrent la nouvelle route de Saint-Omer à Watten… Les malheureux habitants des marais sont relégués dans leur grenier au-dessus de leurs habitations submergées, de leurs champs dévastés. »

1834

Le 7 septembre, 8 mois après le décès de son père, Charles Désiré Martel épouse Mélanie Fauvel  à Saint-Omer.

Voila Mélanie Fauvel.

« …sont comparus le sieur Charles Désiré Joseph Martel marchand cirier âgé de 30 ans, né en cette ville le 16 mars 1804, fils majeur de Charles Marie Joseph Martel décédé à Saint-Omer le 30 décembre dernier et d’encore vivante Dame Charlotte Catherine Clémentine Hermant, d’une part.

Demoiselle Mélanie Fauvel  âgée de 19 ans née au dit St-Omer le 17 janvier 1815 fille mineure du Sieur Aimable Joseph Fauvel marchand brasseur et de dame Charlotte Joseph Marie Martel d’autre part.

En présence du sieur Charles Dominique Joseph Hermant  commissionnaire de roulage âgé de 68 ans, Célestin Emmanuel Philippe Hermant négociant âgé de 65 ans, oncle maternel de l’époux, Aimable Louis Fauvel propriétaire âgé de 22 ans frère de l’épouse et Jean-Baptiste Augustin Deneuville aussi propriétaire âgé de 53 ans bel oncle maternel de l’épouse.

Les époux, leur père et mère, les témoins sont domiciliés à Saint-Omer, lesquels m’ont requis… actes de naissance… publications de mariage… point d’opposition… nous avons prononcé au nom de la loi que les dits Martel et Fauvel sont unis en mariage. » AD62 5 MIR 765/49 457/1272.

 

2 ans plus tard , recensement de 1836 M 3856   64/160

Mélanie est fille d’Aimable Fauvel et de Marie Charlotte Martel qui est fille de Charles Martel et Marie-Cécile Van den Bossche. En se mariant Charles Désiré Martel et Mélanie allient les 2 branches Martel issues des 2 frères: André Martel-Carem et Charles Martel-Van den Bossche.

Ils habitent 19 rue des Epéers  la maison familiale depuis 1760, plus de 70 ans, avec la mère de Charles Désiré, Charlotte Catherine Clémentine Hermant.

Adèle Dupont, domestique est remplacée par Cécile Verlomme.

 

C’est la 3ème génération dans cette maison, qui verra naître mon arrière-grand-père Auguste Martel.                                                       

 

 

 

Une mention spéciale pour Mélanie Fauvel.

Mélanie Fauvel qui a épousé Charles Désiré Martel en 1834 a eu deux garçons et une fille : Ernest, Auguste, mon arrière grand-père, et Fanie, mon

arrière grande tante qui a rédigé une généalogie complète de la famille Martel intéressant les dix-huitième et dix-neuvième siècles.

Fanie Martel  a composé cet ouvrage généalogique, qui a été assez bien diffusé, à la demande de sa mère, Mélanie Fauvel Martel.

Sa préface évoque bien la préoccupation de Mélanie Fauvel qui avait conservé une documentation considérable.

« C’est pour répondre à un désir de ma mère, qui m’a confié à cette intention tous les papiers qu’elle possédait, que j’ai entrepris de reconstituer la généalogie de la famille Martel. Mon travail est terminé. Peut-être des recherches nouvelles permettraient-elles de remonter encore plus haut, et de retrouver les noms d’ascendant plus anciens. Mais il faut savoir se borner. Et j’espère avoir atteint le double but que je me suis proposé :

Conserver le souvenir des chers disparus, de ceux qui nous ont précédés dans la vie, et à qui nous devons l’honorabilité du nom que nous portons.

Faire connaître aux vivants le lien de parenté qui les unit, et contribuer par là à maintenir entre eux l’esprit de famille.

Que tous ceux qui m’ont aidé dans ce travail trouvent ici l’expression de mon plus reconnaissant merci !

Et lorsque je vous aurai quitté pour une vie meilleure pour aller rejoindre nos vénérables ancêtres, ayez pour moi une pensée pieuse.

Fanny Houzet-Martel. »

Mélanie était doublement  concernée puisque : Son grand père maternel et le grand père paternel de son mari étaient frères et Martel.

 

En outre Mélanie Fauvel était la cousine germaine de Louis Martel, l’homme politique qui a laissé une empreinte à Saint-Omer.

Ma tante Fanie avait anglicisé son prénom en Fanny, probablement une mode fin 19ème-début 20ème. Tous les actes d’état civil la concernant sont rédigés avec le prénom « Fanie ».

Revenons aux Martel.

1835

Charles Désiré et Mélanie auront 4 enfants : Ernest-Charles, décédé après 6 heures de vie, Ernest, Auguste qui sont nés rue des Epéers et Fanie née Grand Place.

J’imagine:

Mardi 26 mai 1835. Mélanie et Charlotte sa belle-mère sont ensemble cet après-midi, Mélanie lit et Charlotte brode, elles sont assises au salon de l’appartement du premier étage du 19 rue des Epéers. Charles Désiré est au rez-de-chaussée, au magasin. Il a pris la suite de son père Charles Marie décédé il y a 18 mois. Ils sont mariés depuis un peu plus de 8 mois.  Mélanie est enceinte. La naissance est attendue pour le début juillet.

C’est une journée calme et tranquille. Bien que nous soyons au mois de mai le temps est maussade, le vent de la côte, le vent d’ouest apporte un ciel chargé, fréquent en Artois, avec de la fraîcheur humide. Cécile Verlomme, la domestique vient d’apporter le chocolat, elle tisonne les bûches dans la cheminée afin de raviver le feu et allume la lampe Carcel, le ciel s’assombrit.

Depuis un moment Mélanie ressent ce qu’elle doit bien appeler des contractions abdominales, sensations inconnues et modérées au début. Les choses se confirmant et récidivant, elle s’en ouvre à sa belle-mère.

Plus expérimentée, et inquiétée par leur survenue précoce elle appelle Cécile et lui demande d’aller rue du Centre quérir Angélique Ledoux la sage-femme. Avant de partir prévenez Monsieur au magasin.

L’évolution se confirme malgré l’avance sur le terme prévu. La sage-femme passe la nuit auprès de Mélanie. Charles-Désiré est là. Il ne dort pas. De temps à autre Charlotte s’entretient avec Madame Ledoux. La fatigue gagne. La nuit passe, l’accouchement s’annonce.

À 7 du matin, Mélanie accouche d’un garçon. Petit poids de naissance, peut-être prématuré. Il inquiète. D’accord avec Mélanie et Charles Désiré, Angélique Ledoux, en raison du risque vital, baptise par ondoiement le petit Ernest Charles, comme il est de coutume. S’il survit la cérémonie du Baptême sera célébrée par le curé de la paroisse Saint-Denis.

Charlotte envoie Cécile prévenir la famille: s’il vous plait, allez donc à côté rue des Sœurs Grises prévenir Monsieur et Madame Revillion et après vous irez place Royale chez monsieur Deneuville, vous savez, au 47.

À 11 heures du matin, inquiet, Jean Baptiste Deneuville accompagne son neveu Charles Désiré à la mairie pour la déclaration:

 «l’an 1835 le 27 mai à 11 heures du matin en la maison commune de Saint-Omer par devant nous adjoint en l’absence du maire officier de l’État civil est comparu le sieur Charles Désiré Joseph Martel, marchand cirier âgé de 31 ans en présence du sieur Jean-Baptiste Augustin Deneuville propriétaire âgée de 53 ans, grand bel oncle maternel de l’enfant et Alexis Louis Joseph Delabre, commis négociant âgé de 47 ans, tous domiciliés en cette ville. Lequel nous a déclaré que ce matin à sept heures dame Mélanie Fauvel son épouse âgée de 20 ans est accouchée en leur demeure rue des Epéers d’un enfant de sexe masculin qu’il nous a présenté et auquel il a dit donner le prénom d’Ernest Charles. Lecture faite nous avons signé avec le père et le témoin

De retour à l’appartement rue des Epéers l’évolution est alarmante. Les proches sont là, des amis. La sage-femme est impuissante. Le nouveau-né respire de plus en plus mal.

À 13 heures il cesse de respirer.

Mélanie et Charles Désiré viennent de perdre leur premier né de quelques heures. En moins de 24 heures tout a basculé.

Malgré l’effondrement, il faut s’organiser, prévenir le curé de la paroisse, organiser la messe d’ange et la sépulture. Et puis … retourner à la mairie…

À 17 heures, c’est son beau-frère André Revillion qui accompagne Charles Désiré. La sécheresse administrative est poignante:

« l’an 1835 le 27 mai à cinq heures du soir en la maison commune de Saint-Omer par devant nous adjoint en l’absence du maire officier de l’État civil sont comparus Charles Désiré Joseph Martel marchand cirier âgé de 31 ans et André Joseph Revillion commissaire-priseur âgé de 37 ans, domiciliés en cette ville. Lesquels nous ont déclaré que aujourd’hui à une heure du soir est décédé Ernest Charles Martel âgé de six heures natif de cette ville, fils du premier comparant et de dame Mélanie Fauvel. Nous étant assurés de sa mort par notre transport en leur demeure rue des Epéers

Qu’on se souvienne que les parents de Charles Désiré: Charles Marie et Charlotte, qui est là, avaient perdu leurs 3 premiers enfants en bas âge avant les naissances d’Euphémie et Charles Désiré. La lecture de cette généalogie et les actes d’état civil sont la démonstration dramatique d’une mortalité infantile considérable.

 

Ceci montre aussi les liens affectifs, la proximité de ces Martel entre eux, dans les grandes circonstances, à cette période en tout cas; proximité géographique et proximité affective. Le livre généalogique a tendance à séparer rapidement  et fictivement les branches Martel-Van den Bossche et Martel-Carem.

La Mélanie Fauvel qu’évoquait souvent mon père, forte personnalité, cette femme âgée sans visage, la Mélanie Fauvel qui demande à sa fille Fanie Martel d’écrire après elle la généalogie de sa famille, celle qui est née pendant le séjour de Napoléon à l’île d’Elbe et est décédée en 1905, lorsque mon père avait 5 ans. Elle avait 20 ans et commençait sa vie de femme et sa vie de mère avec cette épreuve. J’imagine la maison de la rue des Epéers: Mélanie et Charlotte sa belle-mère, Charles Désiré et son commerce. Et ce deuil. Pour commencer. AD62 5 MIR 765/39   590/1339   et  5 MIR 765/61  694/1429

Rue des Epéers, rue des Soeurs Grises, rue St-Bertin 3 P 765/38 section D 1811

En l’année 1834, un acte de vente apporte quelques précisions sur la Place Royale :

Marie Charlotte Martel Fauvel la mère de Mélanie Fauvel, avait une sœur, Marie Cécile Martel qui avait épousé Jean-Baptiste Deneuville.

On avait vu que son mari Aimable Fauvel avait vendu la maison de ses parents en 1808, située grand place ouest. «entre veuve Bouret et Régnier » sans notion de numéro.

Or en 1834, l’acheteur de 1808 revend cette maison « vente par Célestin Sy-Bailliart, juge de paix à Haubourdin, à Pierre Tartar-Savary, maison 45 place royale entre acquéreurs et Deneuville Martel, par derrière aux remparts, provient de l’acquisition des enfants d’Augustine Lemaire, veuve François Fauvel (Vantroyen 8/8/1808 ou 1818 ?) 17 000 Fr. (4E 118-325 21/2) 32 052 »

Cette maison Fauvel était donc au 45 Place Royale (Grand Place), mitoyenne de la maison des Deneuville Martel  qui sont au 47 place Royale.

Les 2 sœurs  avaient été, par leurs maris, propriétaires de 2 maisons mitoyennes.

Les N°45 et 47 étaient sur le côté ouest de la place Royale («par derrière aux remparts»), dont la numérotation sera modifiée au début du second empire.

ce 47 Deneuville que 10 ans plus tard habiteront Mélanie Fauvel et son mari Charles Désiré lorsqu’ils prendront la suite du commerce d’épicier-cirier de Jean Baptiste et de son fils Édouard Deneuville.

1836

Le 12 juin, naît Ernest Aimable Charles Martel. « L’an 1836 le 13 juin à 11 heures du matin en la maison commune de Saint-Omer par devant nous adjoint… est comparu le sieur Charles Désiré Martel marchand cirier âgé de 32 ans en présence du sieur Jean Baptiste Augustin Deneuville propriétaire âgé de 55 ans grand  bel oncle maternel de l’enfant et Alexis Louis Joseph Delabre commis négociant âgé de 48 ans, tous domiciliés en cette ville, lequel nous a déclaré qu’hier à 9 heures du matin, Mélanie Fauvel son épouse âgée de 21 ans était accouchée en leur demeure rue des Epéers d’un enfant de sexe masculin qu’il nous a présenté et auquel il a dit donner  les prénoms d’Ernest  Aimable Charles »

On lui donne le même prénom que son petit frère décédé à la naissance, l’année précédente. Jean Baptiste Deneuville est témoin de la déclaration, ce qui montre la proximité des 2 branches Martel Carem et Martel Vandenbossche. Il était déjà témoin, l’année précédente, de la déclaration de naissance d’Ernest, né et décédé le 27 mai 1835.

Jean Baptiste Deneuville  ICI  devait être quelqu’un d’intéressant, il est très actif, élu conseiller municipal de Saint-Omer, il fait partie d’une commission chargée de surveiller l’avancement des travaux du nouvel Hôtel de Ville, élu commissaire au tribunal de Commerce,  Il est souvent dans les listes de donateurs pour aider les nécessiteux de Saint-Omer. Il est très présent dans la famille lors des naissances, mariages, ou décès.

Pour situer: il est le cousin de Charles Marie Martel, père de Charles Désiré Martel.

 

Charles Désiré et Mélanie habitent au 19 (22 dans la nouvelle numérotation) rue des Epéers. Charles Désiré est marchand cirier (marchand de bougies, cierges, cires « fabricant de chandelles »).

Mémorial du 24/12/1837

Mais les affaires ne devaient pas être faciles pour tous, si l’on en croit cette pétition des marchands ciriers au Conseil Municipal du 23 novembre 1837:

déjà un besoin de «protectionnisme»

 

En 1836 il est aussi  propriétaire d’une maison au 21 de la rue des Epéers, la maison contiguë, qu’il vend pour 7000frs. À un professeur, Monsieur Ribeaucourt. Il avait reçu cette maison en donation de sa mère.

« vente de Charles Désiré Martel-Fauvel, marchand Cirier, à Placide Ribeaucourt, professeur, maison 21 rue des Epéers, du levant à Beugnet, du couchant au vendeur, provient de la succession des parents Martel-Hermant, et à eux de Petitpré Augustin, marchand corroyeur, (Potterie 24-4-30) 7000 Fr., (4 E 117-162,1-4-36) 43 235 ».

« …  maison 21 rue des Epéers, vers midi à rue, du nord à Martel, du levant à Clabaut, du couchant à Martel, … à lui par donation de dame Charlotte Catherine Clémentine Hermant, sa mère. »

 

1838

Changement dans les rues qui vont être repavées (les rues «Royales»), vers plus de propreté des rues, en tout cas applaudi par la presse. Suppose des trottoirs et du confort pour les commerces et leurs clients. Changement d’époque. Le ruisseau central existait depuis toujours. Les gens qui « tenaient le haut du pavé » n’étaient pas salis par les projections des voitures à cheval.

Mémorial 10 mars 1838

 

1839

Le 14 avril Me Élie Bret est nommé notaire à Saint-Omer. Il rédigera plusieurs contrats de mariage dans la famille. Épousant une fille Carpentier d’Arques, Il sera le beau-frère de Parfait et Aimable Louis Fauvel. Frères de Mélanie Fauvel.  

1840

Le 1er Janvier , un bouleversement dans la pratique des échanges et en particulier pour les commerçants: Le système métrique entre officiellement en vigueur.

Un bouleversement peut-être semblable au passage du Franc à l’Euro. Il semble cependant s’être fait plus progressivement.

1841

Le 31 décembre, Charles Désiré est encore rue des Epéers, à la naissance  de son 3ème fils, Auguste André Martel. « L’an mil huit cent quarante un, le trente un décembre, à l’heure de midi, en la maison commune de Saint-Omer, pardevant nous adjoint en l’absence du maire, officier de l’état civil, est comparu le Sieur Charles Désiré Joseph Martel, marchand, âgé de 37 ans, en présence du sieur André Joseph Revillion commissaire priseur âgé de 43 ans, bel oncle paternel de l’enfant et Parfait Joseph Fauvel, marchand de vin, âgé de 30 ans, oncle maternel du dit enfant, tous domiciliés en cette ville, lequel nous a déclaré que ce matin à neuf heures, Dame Mélanie Fauvel, son épouse, âgée de 27 ans, est accouchée en leur demeure rue de l’Épéers d’un enfant de sexe masculin qu’il nous a présenté et auquel il a dit donner les prénoms de Auguste André, lecture faite nous avons signé avec le père et les témoins .

Le «toujours présent» Jean Baptiste Deneuville est décédé 6 semaines auparavant le 16 novembre, au 47 Place Royale.

1842

Le 3 février, le Mémorial publie une annonce: le 19 rue des Epéers est mis en location à partir du 1er mai par Charles Désiré Martel.

des détails sur les bâtiments: usage de commerce, cour, quartier de derrière, jardin, pompe, cave et magasin.

Charles Désiré est ici encore strictement cirier et fabricant de chandelles.

Il prendra bientôt la place de Jean Baptiste Deneuville, son oncle, épicier, 47 Grand Place, qui vient de décéder.

L’annonce paraît pour la dernière fois le 3 mars. L’affaire a été rondement menée, en 1 mois, il s’est entendu avec un voisin: M Deschodt-Malbrancq orfèvre et bijoutier qui était au n°22, qui annonce l’ouverture de son nouveau magasin le 5 juin au 19 de la rue des Epéers. Avis publié pendant plusieurs semaines.

Contrairement à son successeur, Charles Désiré Martel n’a publié aucune annonce pour signaler son changement d’adresse. Cependant la mise à jour des listes électorales publiées par le Mémorial le 6 novembre atteste que Charles Désiré est maintenant canton nord, donc Grand’Place. Il devait être Grand’Place dès le début 1842. Le 19 rue des Epéers était libre au 1er mai, et Deschodt-Malbrancq ouvre son magasin le 5 juin.

J’imagine que Charles Désiré devait être un homme discret, qui n’aimait pas la publicité personnelle. Il ne participe pas aux activités socio-politiques de la cité.

 

L’annonce: « usage de commerce, cour, quartier de derrière, jardin, pompe, cave et magasin.»  Bernard Doncker explique la signification de cette dénomination un peu mystérieuse de «quartier de derrière.»

Après la conquête de Saint-Omer par Louis XIV, «les Audomarois dans leur ensemble s’adaptent assez bien à leurs nouveaux maîtres et aux nouvelles institutions royales. Ils se plaignent seulement des contraintes liées à la présence massive  des soldats français. Les propriétaires des vastes demeures comme des maisons plus modestes sont dans l’obligation de les loger. Ils le font en essayant de les tenir à l’écart de leur intimité familiale et construisent pour cela des «quartiers de derrière» séparés de leur lieu de vie. Il faut de surcroît nourrir tout ce monde.» Bernard Doncker. Le patrimoine flamand de Saint-Omer, ses faubourgs et son marais. p 92

 

En 1842  Charles Désiré a déménagé. Il est alors répertorié marchand épicier, au 47 Place Royale (grand Place) à Saint-Omer.

Le 47 était occupé par les Deneuville. Il reprend l’activité et l’immeuble des Deneuville (Jean Baptiste et Édouard épiciers-fabricants de chandelles). Jean Baptiste décèdé, Édouard a déménagé, en 1846 il est au 28 rue St Bertin et semble abandonner le commerce.

Pourquoi ce déménagement  vers la place Royale?

Charles Désiré voulait sans doute quitter cette petite rue des Epéers pour ce nouvel espace de la Place Royale dont le nouvel Hôtel de Ville, et tous les services et commerces attenant, faisait un nouveau centre d’attraction et d’activité commerciale, avec une plus grande visibilité, la présence des foires. En outre le 47 est déjà une adresse commerciale connue.

Des années plus tard, le Mémorial décrira cette rue: dans son n° du 14 mai 1851  «la rue des Epéers, la plus étroite de la ville et en même temps la moins accessible aux voitures par la pente qu’elle présente…»

 

De 1834 à 1841 Saint-Omer reconstruit son Hôtel de Ville sur la Place Royale. Il y a l’objectif d’en faire un centre d’activité: «L’Hôtel de Ville et son théâtre à l’italienne construit de 1834 à 1841 par Pierre-Bernard LEFRANC, cet édifice imposant, rythmé de colonnes doriques, abrite un théâtre à l’italienne.

L’état de vétusté du bâtiment, plusieurs fois restauré, ainsi que la construction sur la place d’un nouveau bailliage, siège d’une juridiction rivale (en quelque sorte l’ancêtre des préfectures), motivèrent sa reconstruction.

L’ambition première du projet consistait à regrouper sous un même toit les bureaux de la mairie, des boutiques, un musée, la bibliothèque, la justice de paix, le commissariat, les archives, …et une salle de spectacle».

Charles Désiré semble rejoindre ce projet en quittant la petite rue des Epéers pour un espace plus attractif et plus commerçant, plus ouvert.

il abandonne la dénomination de marchand cirier et devient marchand épicier place Royale. Il a loué son logement et commerce de la rue des Epéers  à Aimé Deschodt orfèvre . Maison qu’il vendra en 1851. Après 90 ans de propriété des Martel.

Peut-être anticipe-t-il l’évolution inéluctable vers la diminution du marché des cierges et bougies et les progrès de l’éclairage domestique et notamment l’éclairage au gaz qui se répand.

L’annonce du Mémorial du 14 janvier 1838 est démonstrative:

 

 

L’arrivée des becs de gaz pour l’éclairage de Paris 10 ans auparavant, vers 1833, laissait entrevoir une évolution dans ce sens. On trouve dans le recensement de 1846 au N°1 de l’enclos St-Bertin un Louis Annebique, directeur de l’éclairage au gaz. Il arrivera dans les intérieurs après avoir éclairé les rues et places.

 

Mémorial du 30 novembre 1837

Le changement de dénomination de «marchand cirier» en «marchand épicier». Est-ce un réel changement d’activité ? on trouve dans l’examen des recensements un  «marchand cirier épicier», et  puis cette annonce dans le Mémorial, 40 rue des Clouteries:

 

Les  2 activités étaient souvent associées. Le marchand cirier allait  au-delà de la vente des bougies, cierges et produits s’y référant. À l’inverse la dénomination d’«épicier» peut recouvrir une activité, un éventail de produits assez large.

Son fils Auguste Martel, quelques décennies plus tard, à Lille, aura une activité assez semblable si l’on en croit son en-tête, avec vente de bougies comme des produits exotiques, d’épicerie, de droguerie.

 

Dans le Mémorial Artésien du 24/7/1836: « …le voiturier Destrée s’est aussi présenté chez M Deneuville, épicier à St-Omer, et y a acheté des chandelles pour le compte du sieur Leveque… » Édouard Deneuville: dans l’État-civil du Mémorial du 16 juin 1836 on fait état de Édouard Deneuville, fabricant de chandelles au 47 grand place. À la même adresse en 1831 son père Jean Baptiste était « propriétaire épicier ».

Toujours est-il que ce choix était judicieux si l’on en juge par l’embauche de 2 employés et sa prospérité à venir.

Il existait plusieurs marchands ciriers à Saint-Omer, on en trouve au moins 3 autres en 1841: Adolphe Bacon, Jacques  Fournier rue de Dunkerque, Isidore Bailliard rue d’Arras.

 

1842, période d’innovations: outre l’arrivée de l’éclairage au gaz, les tractations pour le passage du train à Saint-Omer (une locomotive atteint 80km/h), l’apparition des clichés « daguerréotype » qui font sensation, l’établissement d’une ligne télégraphique Paris, Lille, Boulogne et Calais. Et sans attendre le train, la construction d’une gare à l’est de Saint-Omer. Les travaux du Palais de Justice. le nouvel Hôtel de Ville arrive. Le pavage des rues et suppression de la rigole centrale pour sortir du Moyen Âge. Le système métrique obligatoire il y a 2 ans. Et le 6 mai…  une première représentation de Ruy-Blas au théâtre.

l’attractivité de la Place Royale est attestée:

 

1844

En juin, Célestin Hermant Cousin, oncle de Charles Désiré, frère de sa mère Charlotte Catherine Hermant, est domicilié quai des Salines, au 21 ou 25.

1845

Un frère de Mélanie Fauvel, Aimable Louis Fauvel-Carpentier, marchand brasseur, investit dans une maison à usage de boucherie au 2 Place Royale, côté sud.

« vente Denis Célestin Daniel-d’Hautefeuille, marchand boucher, à Aimable Louis Fauvel-Carpentier, maison à usage de boucherie, 2 place royale, du nord à la place, du midi et couchant à Delbarre-Lardeur, du levant à Tartar, provenance d’acquisition Baroux 28/4/1830, à requête de X Legavrian, dont Pierre François Legavrian-Dubois, mesureur de grains et cabaretier, et à eux de Nicolas Fulgence Claude Masse-Tresca (Eudes 13 pluviôse et 17 ventôse an 3) 12 000 Fr., (4E 117-274 9/5) 34 018. »

Peu à peu la Place Royale s’active. La construction du nouvel Hôtel de ville a changé l’aspect et l’attractivité de cette place.

 

 

 

 

 

 

 

1846 

Au recensement Charles Désiré et sa famille sont 47 place Royale.

Charles Martel, marchand épicier 42 ans, Fauvel Mélanie sa femme 31 ans, Ernest 10 ans, Auguste 4 ans, Marie Vandenabele 25 ans fille de boutique, Fany Leblond 19 ans domestique, Xavier Hautefeuille 26 ans, garçon de magasin. AD62   M 3918 50/154

 

La sœur de Charles Désiré, Euphémie Martel  est, elle, encore, en 1846 au 7 rue des sœurs grises occupé avec son mari André Revillion, de même en 1851. AD62 M3919  47/170

En fin d’année, le dénombrement affiche 21092 habitants à Saint-Omer.

Le Mémorial fait un point enthousiaste des progrès depuis 20 ans:

La grande affaire depuis une décennie est l’arrivée du train, objet de délibérations sans fin au sujet des trajets.

l’accident meurtrier du 8 juillet 1846 du train Paris Lille (14 morts) met en cause les terrains trop instables. Ce qui lance un débat à Saint-Omer puisque un tracé était censé traverser la zone des marais. Déraillement de Fampoux ICI

et dans le Mémorial, les petites mésaventures du vicomte de Chateaubriand:

1847

Le 3 avril, 1ère apparition dans l’espace public de Charles Désiré Martel: «aux dernières élections consulaires pour le renouvellement partiel de MM les membres du tribunal de commerce; – M Martel-Fauvel a été nommé juge-suppléant.»

1848

Et Charlotte Hermant, veuve de Charles Marie Martel, mère de Charles Désiré et d’Euphémie Martel, qui avait habité quelques années avec Charles Désiré et Mélanie au 19 rue des Epéers, sa maison, décède le 1er janvier, au 7 rue des sœur grises donc chez sa fille et son gendre, Euphémie et André Revillion et n’est pas mentionnée sur le recensement de 1846. Où est-elle alors ?  AD62 5 MIR 765/63    29/1396

(La rue des sœurs grise devenue rue Caventou semblait être une rue « bourgeoise » au XIX. Elle sera aussi habitée par le grand père et le père de Louis Martel, Charles Joseph et Jacques Martel).

1848. L’année commence par un discours confiant du roi Louis-Philippe.

Fin février, l’affaire des banquets réformistes met le feu aux poudres, Louis-Philippe abdique face aux émeutes.

Un gouvernement provisoire est installé, des élections organisées pour une assemblée constituante.

Fin juin, une gauche radicale tente de renverser le gouvernement, par des émeutes sanglantes, réprimées par le Général Cavaignac.

Louis Napoléon Bonaparte, de proscrit, s’installe petit à petit dans le paysage politique.

La nouvelle Constitution est adoptée, prévoyant l’élection du président de la République au suffrage universel.

Le 10 décembre, Louis Napoléon Bonaparte s’impose largement face au Général Cavaignac et est élu président de la République.

1848 relatée par le Mémorial Artésien ICI

1851

Charles Désiré Martel vend  la maison familiale du 19 rue des Epéers. Cette maison achetée et probablement rénovée par André Martel, son grand père en  1760.

Avant André Martel, cette maison aurait appartenu à une certaine Veuve Dusaussois, d’après Bernard Level.

Dans son étude des façades des maisons de Saint-Omer, Bernard Level écrit : « Propriété des Martel, dont Martel-Fauvel, pendant près d’un siècle (1760 à 1850 environ).

C’est la seule maison qui porte des clés de fenêtres dans cette rue. Leur style Louis XVI laisse à penser que c’est un Martel qui l’a construite. »

« vente de Charles Désiré Martel-Fauvel, négociant à Benoît Costenobel-Dusausois, maison 19 rue des Epéers, du levant à Buyek, du couchant à Lebleu, du midi à rue, provenant de la succession de son père Charles (Marie) Martel, et à lui de son père Guillaume ( André ) Martel (Thuillier 4 nivôse an 4 – 25 décembre 1795) 10 000 Fr., (4 E 121-528) 32 172. »  Les façades des maisons de Saint-Omer. Bernard Level.

Cette maison est-elle revenue dans la même famille Dusaussois, 1 siècle après ?

Le 23 juillet , annonce:  Deschodt-Malbrancq, le locataire de Charles Désiré Martel depuis le 5 juin 1842, au 19 rue des Epéers déménage au n°9 .

«Changement de domicile. Deschodt-Malbrancq bijoutier, a l’honneur de prévenir sa clientèle qu’il vient de transférer son domicile rue des Epéers, dans la même rue, n°9…»

À cette même époque, au recensement de 1851, Benoit Costenobel Dusaussois est voisin au 11 rue des Épéers, marchand boucher. En 1856 il sera bien au 19, devenu 22, rue des Epéers.

En avril 1857 il obtient une mention honorable au concours régional d’animaux de boucherie à Lille, « pour quatre magnifiques bœufs provenant de ses étables ». C’est donc aussi un éleveur.

Avant de prendre en location le 19, en 1842, Deschodt-Malbrancq bijoutier était au 22 de la rue.

Véritable jeu de «chaises musicales» dans cette rue. On comprend pourquoi il n’y a pas eu d’annonce de mise en vente.

 

Rue du Bon Pasteur 3 P  765/35 Section A 1811

En cette année 1851, mon arrière-grand père Auguste Martel écolier de 9 ans n’est pas recensé au domicile, place royale, mais 5 bis rue du bon Pasteur à Saint-Omer,

à proximité de l’église Saint-Sépulcre, (actuelle rue Le Sergent, prolongement rue Taviel), Il n’y a pas de nom d’établissement, mais un maître de pension nommé Jacques Robert Letailleur, 40 ans. AD62 M 3959 216/309

Ernest Martel son frère aîné, 14 ans est pensionnaire au séminaire des Jésuites, rue au vent. AD62 M 3959  166/340

Leurs parents habitent en ville et pourtant ils sont pensionnaires !

rue au vent, perpendiculaire à la rue des Jésuites 3 P  765/38 Section D 1811

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le coup d’état du 2 décembre 1851

La Constitution de 1848 a permis l’élection au suffrage universel de Louis Napoléon Bonaparte qui a très largement battu le Général Cavaignac.

Cette constitution limitait le mandat présidentiel à 4 ans, non renouvelable.

Le fonctionnement de l’Assemblée perturbé par les extrêmes a rapidement convaincu le Président qu’il fallait un pouvoir plus stable et centralisé.

Il tente, mais échoue, de faire modifier la Constitution qui ne peut l’être que par l’Assemblée. Ayant soigné sa popularité dans le pays au cours de son exercice, il désire faire modifier également l’article du 31 mai 1850 qui exclue environ 3 millions d’électeurs, essentiellement ruraux, qui lui sont favorables.

Il réussit à mettre aux voix  l’abrogation de cet article. Malheureusement, il fallait réunir une majorité des ¾ de l’Assemblée. Il lui manquera quelques voix.

La décision du coup d’état est prise, fixé finalement au 2 décembre 1851, 6 mois avant la fin théorique de son mandat.

La préparation a été minutieuse, s’assurant le soutient indéfectible de l’armée par des modifications dans l’état major.

Le coup d’état est déclenché le 2 décembre, les opérations dureront les 3 et 4, avec un moment d’incertitude sur la réussite.

Finalement le calme revient, Louis Napoléon a la situation en main.

Un plébiscite est organisé dans le pays pour les 20 et 21 décembre. Largement approuvé par 7 439 000 voix contre 646 000, il autorise Louis Napoléon Bonaparte à présenter une nouvelle Constitution. Les voies du rétablissement de l’Empire sont tracées.

1852

Dans un article du Mémorial du 19 mai 1852, Jean Derheims, érudit historien de Saint-Omer, constate et déplore la transformation de la ville en 50 ans.

1853

début juillet l’empereur Napoléon III est en visite officielle à Saint-Omer, «Le Prince, après avoir visité en détail le quartier de cavalerie, s’est rendu dans la fabrique de pipes de M. Louis Fiolet, un des établissements les plus importants du Pas-de-Calais. Les ouvriers, informés la veille de la visite du Prince, avaient passé la nuit à décorer leurs ateliers de drapeaux tricolores, de guirlandes de verdure, de fleurs, d’emblèmes et d’inscriptions.»

1855

Le 10 juillet, Ernest et Auguste ont une petite soeur: Fanie . « L’an mil huit cent cinquante cinq, le onze juillet, deux heures du soir, en la maison commune de St-Omer, pardevant nous adjoint au Maire accomplissons par délégation les fonctions d’officier de l’état civil, est comparu Charles Désiré Joseph Martel, négociant âgé de  cinquante un ans, en présence de Parfait Joseph Fauvel chaufournier (exploitant d’un four à Chaux), âgé de quarante quatre ans, oncle maternel de l’enfant et d’André Joseph Revillion commissaire priseur âgé de cinquante sept ans, bel oncle paternel de l’enfant, tous domiciliés en cette ville. Lequel a déclaré qu’hier à huit heures du soir, Mélanie Fauvel, sa femme âgée de quarante ans était accouchée en leur demeure Grand Place, 20, d’un enfant de sexe féminin qu’il nous a présenté et auquel il a dit donner les prénoms de Fanie Marie Euphémie Charlotte, lecture faite, nous avons signé avec le père et les témoins. »

Fanie qui modifiera son prénom en Fanny et qui sera la généalogiste de la famille.

 

Depuis des mois, la guerre de Crimée est la principale nouvelle de tous les numéros du Mémorial. La prise de Sébastopol est célébrée comme une victoire nationale

Le 13 septembre, « Nous, Maire de la Ville de Saint-Omer, Commandeur de l’Ordre Impérial de la Légion d’Honneur ; Vu la circulaire de M. le Préfet en date du 13 de ce mois, prescrivant qu’un TE DEUM solennel d’actions de grâces sera chanté Dimanche prochain, dans toutes les églises, à l’occasion de la Prise de Sébastopol; Un TE DEUM solennel d’actions de grâces sera chanté à midi dans l’église cathédrale. À l’issue du Te Deum le défilé de toutes les troupes de la garnison aura lieu sur la Grande Place.»

1856

Le recensement de Saint-Omer montre la famille au complet réunie 20 Grand Place à Saint-Omer. Il n’y a pas eu de déménagement mais un changement de numérotation sous le second empire le 47 devenant le 20 et la Place Royale devenant Grand Place. Auguste a 14 ans. Son père Charles est recensé comme négociant,  il a 52 ans, Mélanie a 41 ans. AD62   M 3994 39/173

Charles Désiré est voisin de sa cousine par alliance Elisabeth Deneuville, célibataire, fille de Jean-Baptiste Deneuville et Marie Cécile Martel, au 21Grand Place. AD62  M 3994 39/173

 

Les affaires doivent prospérer : au domicile sont recensés 2 demoiselles de magasin, Mary Vandenabelle 40 ans et Octavie Tétard 21 ans, un garçon de magasin Xavier Hautefeuille 36 ans, une nourrice pour la petite Fanie Martel qui n’a que 10 mois Élise Scrive, et une cuisinière Elvire Scrive 19 ans. Le commerce est au rez-de-chaussée, les habitations dans les étages. Au 19ème siècle les employés et domestiques sont logés chez leur employeur; on voit cela dans les romans de Balzac. Cuisinière et garçon de magasin sont logés sous les combles.

1857

Mémorial du 6 mai. En dehors de Saint-Omer, l’histoire continue:

L’impératrice, née 5 mai 1825, a 32 ans. 

Les Lettres viennent de faire une perte qui sera vivement sentie. M. Alfred de Musset, membre de l’Académie française, est mort samedi matin à Paris. 

« La célèbre Lola Montès fait encore parler d’elle. Le télégraphe nous a transmis hier la nouvelle que, le 10, la ballarina devant danser à Louis-ville, a donné un divertissement qui n’était pas sur l’affiche : elle s’est battue sur la scène avec son directeur, en présence du public. Le scandale était à son comble, et la représentation a été violemment interrompue. »

1858

Mémorial du 24 février. Où l’on apprend que Charles Désiré Martel avait un chien: « On a perdu un jeune chien de chasse, poil ras, couleur marron, avec une tache blanche sur la poitrine ; il répond au nom de Chotte. – Récompense à qui le reconduira chez M. Martel, Grande Place, à Saint-Omer. » On imagine la petite Fanie Martel, 3 ans, jouant avec «Chotte».

 

Lamartine, poète et homme politique se trouve dans une situation financière très difficile. Une souscription nationale d’aide financière a été instaurée.

Le 24 juillet, une liste de 160 donateurs de Saint-Omer est publiée par le Mémorial, c’est la 3ème liste, elle recueille 2578 fr. 

M. Martel-Fauvel donne 5 fr, de même que Émile Houzet.

Quelques mois plus tard, le Mémorial publie une lettre justificative de Lamartine, dont on retient:

« Ma fortune, plus apparente que réelle, n’a jamais été très grande. On serait étonné si j’exposais ici la modicité des patrimoines que j’ai reçus de mes pères, défalcation faite de leurs charges.

Les années qui ont suivi immédiatement la Révolution de 1848 ont été particulièrement onéreuses et pour ainsi dire obligatoires. Comment refuser de partager sa dernière épargne avec ceux qui ont partagé vos efforts et vos périls pour maintenir l’ordre et préserver la société, dans ces heures où ces braves citoyens moins intéressés en apparence que nous à la propriété, offraient généreusement leur sang pour elle ?

… puis les intérêts des dettes constituées et des dettes nouvelles se sont accumulés sur le capital.

le métier d’homme de lettres n’est qu’un jeu de dé avec l’opinion. Ce travail enivre et ne nourrit pas.

… les 2 crises financières de 1856 et 1857 ont fait le reste.

« Pourquoi ne vendez-vous pas vos terres ? » me dit-on.

Je ne vendais pas et je ne vends pas parce qu’il ne s’est pas présenté en 10 ans et et qu’il ne se présente pas même aujourd’hui un seul acquéreur.

… Ainsi enfermé dans ce dilemme de la bienveillance ou de la malveillance des acquéreurs, je reste cloué à la terre comme à l’instrument de mon supplice.

… c’est pour sortir de cette impasse entre les créanciers qui pressent et les acheteurs qui s’éloignent que mes excellents amis ont ouvert une souscription dont le succès aurait été pour moi un honneur et pour d’autres un salut. Cette souscription, à l’exception d’un petit nombre de cœurs d’or dont les noms se confondent à jamais avec le mien, ayant été jusqu’ici dérisoire ou insuffisante, que me reste-t-il ? Il me reste l’option entre la ruine de mes créanciers ou un redoublement de travail. C’est ce dernier parti que je devais choisir et que je choisis.

Je vais pendant toutes les années saines que Dieu me laisse, redoubler d’étude et de zèle pour continuer en l’amélioration l’œuvre de ce Cours Familier de Littérature, œuvre que j’ai entreprise avec votre appui.

La littérature ne fait pas acception de parti ; Je suis sorti tout entier de la politique et la France m’apprend assez de n’y rentrer jamais.

Cependant, qui que vous soyez, amis ou ennemis, mais hommes de cœur, sachez-le bien, vous ne m’enlèverez pas la conscience de vous avoir aidés pendant vos tempêtes. Eh bien ! je vous dis aujourd’hui, sans présomption comme sans mauvaise honte : À votre tour, aidez-moi ! Vous pouviez être grands, vous ne serez que justes. »

1860

Le 21 janvier annonce: Charles Désiré Martel est adjudicataire d’un terrain de 35 ares, 46 centiares de terre à labour sur la commune de Tatinghem dans le cadre d’une purge d’hypothèque.

1860 la mode des « Voitures Américaines »

Le 22 aoûtCharles Désiré Martel achète « à Lazare Hippolyte Carnot, 2 rue du Cirque à Paris époux de Marie Grâce Claire Dupont une pièce de terre à labour située à Tatinghem, au fond du Rat, entre deux crocs, contenant d’après titres 36 ares 37 centiares, figurant au cadastre sous le n° 73 de la section A, pour une contenance de 34 ares 26 centiares, tenant du levant à Duquenoy, du couchant aux hospices de Saint-Omer, du midi et du nord à des crocs, moyennant le prix principal de 1250 fr outre les charges. »

Lazare Hippolyte Carnot est l’homme politique, député, sénateur, ministre, né à Saint-Omer en 1801, fils de Lazare Carnot l’homme politique de la Révolution, «Pendant la Législative et la Convention: député du Pas de Calais». Inspecteur général des armées  et Ministre de la guerre. Et père du Président Sadi Carnot.

1861

Le 5 mai, l’incendie de Notre-Dame…   de Saint-Omer:

Le recensement de 1861 montre la famille, les parents, Ernest 24 ans, Fanie 6 ans. Mais Auguste ne figure pas dans ce recensement, il a 20 ans. Où est-il ? Est-il déjà à Lille ? Il n’apparaîtra plus dans les recensements suivants. Les archives des recensements de Lille ont été détruites en 1916.

Il y a par ailleurs toujours les mêmes employés au 20 Grand Place : Elise Scrive 27 ans (qui était nourrice en 1856), Elvire Scrive 24 ans (qui était cuisinière en 1856) probablement 2 soeurs,

une « femme de confiance » Marie Vandenabelle 45 ans (qui était déjà « fille de boutique » en 1846) et le garçon de magasin déjà présent en 1846, Xavier Hautefeuille 41 ans. Il y a donc une grande fidélité réciproque entre employés et employeurs :

 

Marie Vandenabelle est restée au moins 26 ans dans la maison, de 1846 à 1872.

Xavier Hautefeuille est resté plus de 20 ans, et on le retrouve dans le recensement de 1872 chez le successeur de Charles Désiré, lorsque celui-ci  se sera retiré des affaires, 20 grand place, un certain Philogène Ringot.

Quant à Élise Scrive, elle est entrée à l’âge de 20 ans comme nourrice de Fanie en 1856, elle était toujours dans la maison en 1901 à l’âge de 67 ans et en fait elle a probablement accompagné Mélanie Fauvel, veuve, jusqu’à son décès en 1905, donc près de 50 ans dans la maison ! Véritablement femme de confiance. AD62 M 4022 27/174

 

 

 

 

 

 

 

1862

Le 10 mars: « Les démarches incessantes de notre honorable député M. Félix Lesergeant de Monnecove ont enfin été couronnées de succès…   les trains express de nuit et de jour arrêteront désormais à St-Omer… »

la guerre de Crimée qui a fait la Une du Mémorial pendant plus de 2 ans a  laissé des traces dans la mémoire collective.  La marque d’une victoire à Sébastopol célébrée par un TE DEUM.

14 juin, annonce:  

Charles Désiré Martel perd un oncle Hermant (Thomas) et un cousin Hermant (Cocquempot) en 10 jours. Les Hermant-Thomas sont liés aux Martel-Vandenbossche, les Hermant-Cocquempot aux Martel-Carem.

Le 29 juin, Charles Désiré perd son oncle « par alliance » François HermantHenneguier. Il est déclarant du décès avec son cousin Louis Martel.

Le 9 juillet, il est déclarant du décès de son cousin Eliodore Charles Hermant 70 ans, (fils de Charles Dominique Hermant et Marie Boyaval), célibataire, commissaire de roulage, 205 place du Haut Pont. «Sont comparus Charles Désiré Joseph Martel, négociant, 58 ans, cousin germain paternel du défunt et Élie Bret, notaire, âgé  de 48 ans.»

Ces déclarations de décès montrent la proximité des membres de cette large famille : les Martel Carem, les Martel Vandenbossche, les Hermant-Thomas, Hermant Cocquempot. Cousins ou neveux. Tous proches géographiquement dans cette petite ville. Malgré son caractère effacé, son absence  de rôle officiel dans la cité, Charles Désiré semble proche de tous ceux-là.

Le 1er octobre

Eliodore Charles Hermant, décédé le 9 juillet, était « Directeur de barques » au Haut-Pont. Rôle essentiel dans les échanges économiques de la ville, par voie fluviale, évoqué à tout propos dans les annonces du Mémorial de ces dernières décennies.

Sa propriété est à vendre, et la description en est intéressante.

« À vendre à la main, pour en jouir de suite, une belle et grande propriété, comprenant :

Maison d’habitation, vastes Magasins, Caves, Écuries, Remises, Porte-Cochère, Cour et Dépendances, située à St-Omer, place du Haut-Pont ; ayant façades très étendues sur cette place, sur la rue de la Loi, sur la rue du Petit Hollande et sur la rivière canalisée de l’Aa.- portant sur la place du Haut-Pont les n° 203 et 205, et sur la rue de la Loi le n° 18.

Les Magasins longeant la rivière ont deux grandes portes sur cette rivière, les barques et bateaux y ont en tous temps un accès facile. Cette propriété, à laquelle se trouve attaché depuis de nombreuses années le service des barques de St-Omer à Dunkerque, Calais et Bergues, est, par sa situation, tout à fait exceptionnelle, la proximité de la gare du chemin de fer et son étendue, propre à toute espèce d’établissement commercial ou industriel. Elle pourrait même être divisée en deux ou trois lots, et chaque partie serait susceptible de former un établissement distinct. S’adresser à Me Bret, notaire à St-Omer, ou à Me Macaux, notaire à Lumbres. »

Eliodore Charles Hermant avait acheté une partie de cet ensemble dès 1830: « vente de Pierre Louis Georges Butay, prop, à Héliodore Charles Henry Hermant, nég, maison 15 rue de la Loi, entre rivière et rue petit hollande, du levant à rue de la Loi…  » Bernard Level , les façades des maisons de Saint-Omer, IV, page 246.

 

1863

Le 10 janvier est annoncée la vente des biens de la société d’exploitation des barques d’Éliodore Hermant, faisant le service entre Saint-Omer et Calais, Saint-Omer et Dunkerque. Des magasins, des barques de passagers et de marchandises, une importante écurie à chevaux. Description intéressante des moyens de transports locaux quotidiens. Des barques halées par des chevaux, que l’on a vu au fil des années, empêchées par les crues, le gel, etc. ICI

Et les festivités à Saint-Omer, et déjà les frites, et les gauffres (ou gaufres), la foire, les saltimbanques… la vie !

               

Le 13 août, mort de Eugène Delacroix. Le Mémorial publie un courrier:  Mort de E. Delacroix. « Delacroix est mort ! à ce premier moment où tant de tristesse va envahir l’école Française, on se demande si le public va comprendre la perte immense qu’il a faite…  Il n’y a plus de génie initiateur dans le domaine de la peinture en France que M. Ingres ! et M. Ingres a 84 ans ! Il est mort, l’ami de Géricault ! le génie foudroyant qui a dompté l’école de David ! N’est-ce pas lui-même, dans la Galerie d’Apollon, qui se serait représenté domptant tous les monstres et perçant l’hydre de ses flèches ! Ah ! s’il y a encore de la poésie en France que Paris prenne le deuil ! Qu’il aille tout entier à ses funérailles… »

le 17 septembre, 1 mois plus tard, décède Alfred de Vigny, né un an avant Delacroix en 1797.

 

1864

Le 28 mai. Religion d’État. « La cérémonie de la première communion a eu lieu jeudi dernier au lycée impérial, dans la chapelle ornée de fleurs et de guirlandes, en présence de M. le Recteur, et de tous les fonctionnaires du lycée  et d’un grand nombre de pères de familles. La messe en musique a été chantée par la maîtrise de l’établissement, dirigée par M. Sommerock. »

En 20 ans, on passe de l’époque du daguerréotype, exceptionnel et plus ou moins expérimental, à la profession de photographe.

 

1865

Charles Désiré est par ailleurs propriétaire non occupant d’une maison  au numéro 60 rue Écusserie.

 

1866

Charles Désiré, 62 ans « négociant» est toujours au 20 Grand Place. Mélanie à 51 ans. Son père Aimable Fauvel, 93 ans vit chez eux (Mélanie vivra 90 ans). Sont au domicile, l’aîné Ernest 30 ans, Fanie 11 ans. Auguste n’est pas recensé. Marie Vandenabeel 50 ans fille de magasin, Xavier Hautefeuille 46 ans garçon de magasin, Elise Schrive 30 ans et Sidonie Annoque 30 ans domestiques. AD62 M 4061  91/169

 

La cousine de Charles Désiré, Elisabeth  Deneuville, 50 ans, célibataire est toujours sa voisine au 21 Grand Place.

Est aussi domicilié Grand Place au n° 46, Emile Amant Houzet, un oncle par alliance d’Ernest Martel lorsqu’il épousera en 1868 Léontine Houzet, fille de Jean-Baptiste Houzet, frère d’Émile Amant Houzet. Émile Houzet est au 46 Grand Place, il est négociant, il a 55 ans, marié à Julie Podevin. AD62 M 4061   93/169

Fidèle Amant Émile Houzet 3 P 765/35 section A 1811

D’ailleurs Fanie Martel, la sœur d’Ernest épousera  également un Houzet : Albert, cousin de Léontine, fils de François Houzet.         Généalogie Houzet ICI

 

                                                 

 

1867

Mémorial du 26 juin. Comme tous les ans, le mois de juin est celui des fêtes collectives, religieuses et municipales : «  la procession du Saint-Sacrement a eu lieu dimanche matin avec l’éclat accoutumé, au milieu d’une foule nombreuse et recueillie, qui se pressait dans les rues de la ville. » …  la kermesse et ses différents jeux et attractions : Le mat de cocagne, jeu d’équilibre, jeu de Colin Maillard, les joutes, le jeu africain, le jeu de seau… Mais cette année : « la kermesse est enfin terminée. Le souvenir qu’elle laissera ne sera pas des plus agréables. Cela tient sans doute au temps, qui a été très peu favorable pendant trois jours. »

 

1868

Le 23 mars Ernest Martel épouse Léontine Houzet à Blendeques, le maire de Blendecques  qui les unit n’est autre que l’oncle de Léontine : Louis François Houzet. Le père de Léontine, Jean-Baptiste Houzet est décédé en 1854, le 30 novembre.

«En la Mairie et pardevant nous Louis François Houzet maire et officier de l’Etat Civil de la commune de Blendecques, …ont comparu publiquement  Monsieur Ernest Aimable Charles Martel, propriétaire,  domicilié à Saint-Omer, né en cette ville le 12 juin 1836fils majeur de Monsieur Charles Désiré Joseph Martel et de Mélanie Fauvel, propriétaires, domiciliés audit Saint-Omer; ici présente et consentante, d’une part .

Et Mademoiselle Léontine Aimée Houzet, propriétaire, domiciliée à Blendecques, née en cette commune le 20 mai 1839, fille majeure de défunt Jean Baptiste Houzet, décédé à Blendecques le 30 novembre 1854, et de Sophie Primerose Mulle, propriétaire, domiciliée à Blendecques, ici présente et consentante…»

…   avons déclaré au nom de la loi que Ernest Aimable Charles Martel et la demoiselle Léontine Aimée Houzet, sont unis par le mariage. Sur notre interpellation, les futurs époux et leurs auteurs ici présents, nous ont déclaré que leur contrat de mariage avait été reçu par Maître Elie Bret, notaire à la résidence de Saint-Omer, le 3 (ou 13 ?) mars 1868  … en présence de Messieurs André Joseph Revillion, âgé de 70 ans, propriétaire ; Parfait Joseph Fauvel, âgé de 57 ans, propriétaire, domiciliés tous deux à Saint-Omer, tous deux oncles du contractant. AD62 5 MIR 139/3 1229/1632

Alexandre Désiré Houzet, âgé de 50 ans, et Honoré Houzet, âgé de 54 ans, propriétaires, oncles de la contractante, domiciliée à Blendecques.

Les Houzet sont tous de Blendecques. Ils ont même la mairie.

 

1869

Le 8 septembre, Charles Désiré Martel-Fauvel, commerçant, discret et absent de la vie de la cité est nommé juge suppléant au tribunal de commerce. « Les élections partielles pour le renouvellement des membres du tribunal de commerce ont donné le résultat suivant : Président M. Hermant-Bouquillon, … juges suppléants : M. Martel-Fauvel, nommé en remplacement de M. Leroy-Capelle. »

 

1871

Le 7 novembre, mariage d’Auguste Martel et Louise Bienvaux

«Par devant nous Rodrigue Truffot, Maire, officier de l’état civil de la ville du Cateau, chef lieu de canton, arrondissement de Cambrai, département du Nord, sont comparus publiquement à la mairie Auguste André Martel, âgé de 29 ans, négociant, né à Saint-Omer le 31 décembre 1841, domicilié à Lille, fils majeur de Charles Désiré Joseph Martel âgé de 66 ans, et de Mélanie Fauvel son épouse âgée de 56 ans, propriétaires rentiers, ici présents et consentants, domicilié à Saint Omer, d’une part.

Et Louise Marie Bienvaux, âgée de dix neuf ans, sans profession, domiciliée et née au Cateau le 13 mai 1852, fille mineure de Pierre François Louis Bienvaux, âgé de 52 ans et de Célina Henriette Him, son épouse âgée de 40 ans, propriétaires rentiers ici présents et consentants domiciliés en cette ville, d’autre part.

… avoir fait un contrat de mariage en l’étude de Maitre Noël Basquin, notaire au Cateau, le 6 novembre courant, lesquels nous ont requis de procéder à la célébration de leur mariage …  déclarons au nom de la loi que Auguste André Martel et Louise Marie Bienvaux sont unis par le mariage… en présence d’Ernest Martel, âgé de 35 ans, propriétaire, frère de l’époux, domicilié à Blendecque, Parfait Fauvel, âgé de 60 ans, propriétaire, oncle de l’époux, domicilié à Saint-Omer, Désiré Houzet âgé de 56 ans, négociant, grand oncle de l’épouse domicilié à Lille et Paul Degoix, âgé de 54 ans, négociant, oncle de l’épouse, domicilié au Cateau …» AD59 1 Mi EC 136 R 011  123/659

 

Louise Bienvaux

 

Dessin de Louise Bienvaux

 

 

 

 

Peu d’années auparavant, Paul Degoix écrivait à sa nièce Louise une lettre de félicitations pour une réussite scolaire. Lettre qui évoque ce que devait être une jeune fille « bien élevée» de l’époque, avec un brin d’inquiétude pour l’avenir.

 

« Ma chère Louise… Laisse-moi te féliciter sur cet heureux résultat qui doit tant faire plaisir à tes chers parents… Tu vas pouvoir ma chère Louise, te livrer davantage au dessin, à la musique, et à l’étude de la langue anglaise, que je voudrais te voir posséder à un degré assez élevé. On ne sait pas ce qui peut arriver, il faut pouvoir faire face aux éventualités, elles sont si variées en ce monde, une instruction solide, complète, vous pose toujours bien et partout, ne perds jamais cela de vue. »

Je possède quelques dessins et pastels de mon arrière grand-mère Louise Bienvaux : un vrai talent et beaucoup de grâce et de finesse.

Peut-être y avait-il à l’époque un engouement, une mode, une anglophilie  qui explique que Fanie Martel, sœur d’Auguste, ait anglicisé  son prénom en Fanny.

Il faut noter que Louise Bienvaux possède une ascendance Houzet. Elle est arrière-petite-fille de Jean-Baptiste Houzet Picavet, lui-même frère de Pierre François Houzet Loridan.

(voire la lignée Houzet).

Pierre François Joseph Houzet et Marie Agnès Loridan auront une petite-fille, Léontine Houzet qui épousera Ernest Martel

Jean Baptiste Joseph Houzet et Marie Françoise Lucie Picavet auront une arrière petite-fille, Louise Bienvaux qui épousera Auguste Martel frère d’Ernest.

Pierre François Joseph Houzet et Marie Agnès Loridan auront un petit fils, Albert Houzet qui épousera Fanny Martel, soeur d’Auguste et Ernest.

1872

L’année suivant,  après avoir marié ses 2 fils,  Charles Désiré 68 ans a vendu son commerce du 20 Grand Place à Jean Baptiste Philogène Ringot 46 ans, qui a gardé Xavier Hautefeuille, le garçon de magasin, 56 ans.

Charles Désiré a déménagé 9 rue Allent, Mélanie a 57 ans, Fanie 17 ans. AD62 M 4100  118/163

À cette date Louis Martel est recensé à Saint-Omer rue des Classes.

AD62 M 4081 9/37

 

Au recensement de Blendecques.

 Ernest Martel 34 ans propriétaire, Léontine Houzet 33 ans sa femme, Édouard 3 ans, Antoinette 2 ans.2 domestiques Angéline Lefebvre 28 ans et Delphine Lefebvre 18 ans. Mais la «chef de ménage» est Sophie Mulle 64 ans, la mère de Léontine. Le domicile est 39 quartier du Roi, foyer 44. AD62 M 4081 9/37

 

 

 

 

 

Le 26 janvier. Saint-Omer, comme le pays sont encore sous le traumatisme de la guerre et de l’occupation partielle qui persiste. Le « rachat » est une œuvre nationale.

« À l’heure qu’il est, six départements français sont encore souillés par la présence de l’ennemi. Ces départements souffrent de toutes les douleurs et toutes les angoisses. »

« La Souscription pour la Libération du Sol Français est ouverte dès aujourd’hui aux bureaux du Mémorial. Nous appelons tous nos concitoyens à y participer. Les sommes reçues seront envoyées au comité chargé de recueillir les fonds. »

Le 31 janvier« les nouvelles qui nous arrivent de toutes parts, montrent avec quel empressement les populations répondent à l’appel qui leur est fait par la presse, pour la libération du territoire. »

« Les membres de l’Assemblée nationale sont justement préoccupés, depuis quelques jours, du mouvement patriotique qui se manifeste dans toute la France, pour activer à l’aide de souscriptions populaires, le paiement des 3 milliards d’indemnités que nous devons encore à l’Allemagne. »

Le 8 mars.

En participation à la grande « Œuvre Nationale de la Délivrance du Territoire », les Audomarois ont été nombreux à participer à la souscription. Charles Revillion, commissaire-priseur : 100 Fr. Madame veuve Revillion : 100 Fr. Monsieur et Madame Martel Fauvel 100 Fr. Mademoiselle Deneuville 100 Fr. les domestiques de Mademoiselle Deneuville cinq francs. Monsieur et Madame Leroux-Hellemans 500 Fr.

Le 12 juillet. Thiers a proclamé la République.

Le 2 août.  « Une dépêche de Paris nous apprend que le chiffre connu de la souscription à l’emprunt atteignait hier plus de 43 milliards. »

« Discours du ministre. L’emprunt est souscrit 12 fois ! La France avait besoin de 3 milliards pour payer sa dette et racheter son territoire, le monde lui offre 42 milliards. La France seule a souscrit l’emprunt cinq fois ! »

Signification de la couverture de l’emprunt.

« L’événement dont nous parlons est quelque chose de plus considérable que le succès d’une opération financière. C’est une révolution politique et économique à la fois ; c’est l’adhésion donnée à la République, par les capitaux non seulement de la France, mais du monde entier, par les capitaux autour desquelles les préjugés, la défiance, la peur de l’inconnu, avaient jusqu’à présent monté la garde, et qui viennent de reconnaître que leurs préjugés, leurs défiances, leurs terreurs avaient tort, que la France a raison d’être en République et de vouloir y demeurer, et qu’ils acceptent les institutions qu’un avenir prochain nous assure comme les conditions naturelles de la société moderne. »

Le 11 août. Nous sommes en août, la presse Audomaroise se sent des airs de vacances, et rêve peut-être de luxe et de princes. Peut-être pour se délivrer du cauchemar encore dans les mémoires.

« Monsieur Thiers à Trouville. Le National a reçu d’un de ses rédacteurs, installé à Trouville, une correspondance dont nous détachons le passage suivant :

Depuis 15 jours que le voyage de Monsieur Thiers est annoncé, il y a affluence de monde à Trouville, et l’on compte à ce moment le triple du nombre ordinaire de baigneurs, aussi tous les hôtels sont-ils encombrés, et la population entière se montre très satisfaite du séjour de Monsieur Thiers, qu’on dit devoir se prolonger ici plus d’un mois. Tout est hors de prix. »

« Le monde fashionable s’accumulent dans la ville d’eau choisie par Monsieur Thiers. Le duc de Nemours, le duc d’Alençon et leurs familles sont aux environs à Villers. Le duc d’Alençon a pu faire une visite à Monsieur Thiers, malgré la stricte retraite que désire observer le président. La réception a été fort cordiale. Madame George Sand et aussi à Trouville. On signale l’arrivée d’un certain nombre de diplomates. »

Le 2 novembre. Naissance à Lille de Georges Charles Henri Martel, fils d’Auguste Martel et Marguerite Lengrand.

Le 31 décembre. L’importance du traumatisme des conséquences de la guerre est évoqué jusqu’au Théâtre de Saint-Omer par un spectacle: «Les Prussiens en Lorraine  ou l’honneur d’une mère».

 

1873

La vie culturelle, théâtrale a repris à Saint-Omer après la guerre: Les programmes au théâtre tout au long de l’année 1873. ICI

Le 6 juillet. « La société d’Agriculture voulait bien, de son côté, offrir des médailles d’argent et des médailles de bronze pour les meilleurs instruments agricoles et horticoles. Les produits, furent examinés, ce même jour avant midi, par un jury composé de Messieurs Berteloot-Doncker, Garvey, de Ghelcke, Léon de Givenchy, Ernest Martel et Ferdinand de Taffin. Les récompenses furent par lui décernées ainsi qu’il suit : Monsieur Ernest Martel, amateur à Blendecques, a exhibé deux Viburnum Macrocephallum, la plus belle et la plus florifère de l’arbre digne d’attention connue sous le nom de Blanche Neige. »

 

1875

le 14 janvier Fanie Martel épouse Albert François Houzet.

«Sont comparus Albert François Houzet, négociant, 23 ans, né à Blendecques le 22 avril 1841 et y domicilié de droit, demeurant à Wizernes,  fils majeur de Pierre François Houzet propriétaire, et de Marie Alexandrine Delzoide ici présente et consentante au mariage et domiciliée au dit Blandecques, d’une part.

Fanie Marie Euphémie Charlotte Martel, sans profession, âgée de 19 ans, née à Saint-Omer le 10 juillet 1855, fille mineure de Charles Désiré Joseph Martel, propriétaire, et de Mélanie Fauvel, également ici présente et consentante au mariage, tous 3 domiciliés à Saint-Omer, d’autre part.

En présence de Alexandre Désiré Houzet, propriétaire, âgée de 56 ans, oncle paternel de l’époux, domicilié à Blendecques ; de Gery François Houzet, négociant, âgée de 28 ans, frère Germain de l’époux, domicilié à Wizernes, d’Ernest Aimable Charles Martel, propriétaire âgé de 38 ans, domicilié à Tatinghem, et d’Auguste André Martel, négociant âgé de 33 ans, domicilié à Lille (Nord), tous 2 frères germains de l’épouse.

Lesquels comparant nous ont requis de les unir par le mariage, et sur notre interpellation nous ont déclaré ainsi que leurs pères et mères que leur contrat de mariage a été reçu le 7 de ce mois par Maître Elie Bret notaire à Saint-Omer …»  AD62 5 MIR  765/52  322/1355 St-Omer

 

cette même année 1875 , le frère aîné de Fanie,  Ernest et Léontine Martel sont domiciliés à Tatinghem probablement dans la propriété qui restera celle de leur petite fille Simone Pouly Martel jusque dans les années 1970. J’ai un très net souvenir de cette grande propriété agricole et de la grande bâtisse, que j’ai souvent vue, dans le style de ce qui était appelé les « châteaux », des industriels de cette fin du 19ème siècle dans cette périphérie de Saint-Omer .

Au recensement de 1872  ils étaient encore à Blendecques, chez la mère de Léontine, Sophie Mulle, veuve de Jean-Baptiste Houzet .

 

Quant à Auguste marié en 1871, c’est le seul des 3, et même de la famille élargie, avec Louis Martel, à avoir quitté Saint-Omer et à avoir épousé à l’extérieur, puisque Louise Bienveaux est du Cateau-Cambraisis. Il a disparu des recensements dès 1861. Au moment de son mariage en 1871, il a 29 ans,  il est négociant à Lille.

Il est domicilié au moins jusqu’en mai 1874, 14 rue des Tours à Lille, ensuite et définitivement 33 rue de Thionville.

On verra plus tard qu’il a un commerce qui pourrait s’intituler « épicier-cirier » comme celui de son père, 20 ans auparavant,  vers 1850. Plus tard  le commerce évolue  et est intitulé « Droguerie en gros », et vente de produits exotiques. Commerce florissant.

Le 23 juin, Une crue historique de la Garonne provoque une terrible inondation mortelle et destructrice qui déclenche un élan national de solidarité. À Saint-Omer comme ailleurs les dons affluent. «Martel-Houzé de Tatinghem,  2 frs».

Le 8 octobre. Tombola de l’Exposition horticole et agricole organisée par la Section d’Horticulture de la Société d’Agriculture de Saint-Omer. M. Martel-Houzet gagne le 12e lot

1876

Fanie mariée l’année précédente, Charles Désiré 72 ans propriétaire retraité et Mélanie Martel Fauvel, 61 ans sont désormais seuls avec la fidèle domestique Elise Schryver, 42 ans au 9 de la rue Allent. AD62 M4141   30/135

Le 29 avril, Madeleine Houzet, la 1ère fille d’Albert Houzet et Fanie Martel, naît à Wizernes, hameau de Gondardennes. AD62 5 MIR 902/3 88/1608

La même année 1876 le recensement donne Ernest et sa famille propriétaire à Tatinghem. Il a 40 ans, Léontine 37, leurs  enfants : Édouard 7 ans, Antoinette 5 ans. AD62 M 4144  8/17

Le 28 mai. Séance de la section d’Horticulture de la Société d’agriculture, dont Charles Revillion est président . A été déposé sur le bureau : une variété de pivoines en arbre, également très remarquable par sa grande dimension et son beau coloris, provenant de la propriété de M. Ernest Martel, à Tatinghem, membre de la section.

Le 18 juinErnest Martel-Houzet, propriétaire donateur pour les sinistrés de Bouvelinghem: 20 fr. Le lundi 22 mai 1876, dans l’après-midi, Bouvelinghem, qui compte alors 238 habitants, connaît un incendie mémorable. En trois heures, le feu a ravagé le bourg : 34 maisons ont brûlé, y compris leur bétail, dégâts estimés à 182 850 francs. On déplore deux décès. Le drame frappe l’opinion audomaroise et chacun se mobilise. Les dons ont permis de récolter 61 917 francs. En trois mois, le village est reconstruit en briques, avec des toitures en tuiles.

le 23 juillet. M. Martel-Houzet de Tatinghem expose à la Société d’Horticulture : un groupe très remarquable d’oeillets de 30 variétés on n’y voit figurer l’œilllet allemand ou fantaisie à teinte ardoisée, à reflets métalliques, l’œilllet flamand panaché de différentes couleurs à fleur large et pleine à pétales arrondis, sans dentelures. Un lot de capucines naines de coloris ravissants, tels que le blanc, rose tendre et quelques variétés panachées.

Le 9 août. une annonce:  « Jolie Maison de Rentier à Louer, située à Saint-Martin-au-Laërt, s’adresser à M. Pouly, audit-lieu. »

Il s’agit d’Étienne Pouly, veuf, négociant 39 ans, 13 route de Calais. Père de Gaston Pouly, 15 ans, et Grand père de René Pouly (16 mars 1896) qui épousera Simone Martel le 28 décembre 1920.

Gaston Pouly était brasseur en 1901, sa femme Berthe Musset était native de Calais. Il avait 2 frères : Albert 12 ans et Étienne 7 ans en 1876.

Le 11 octobre. Lors des élections municipales, M. Ernest Martel-Houzet est élu maire de Tatinghem.

 

1877

Le 3 septembre, naît Germaine Houzet , leur 2ème fille à Gondardennes. AD62 5 MIR 902/3  119/1608

 

1881

Au 9 rue Allent, Charles Désiré MARTEL a 77 ans, Mélanie Fauvel 67 ans, et Édouard  leur petit fils de 12 ans, fils d’Ernest et Léontine vit chez eux. Sans doute pour sa scolarité. Ses parents habitent Tatinghem. Elise Schryver 47 ans, domestique. AD62  M 4174  2/205

Quant à leur fille Fanie, elle a 25 ans. Elle a déjà 3 enfants : Madeleine 6 ans, Germaine 5 ans, Suzanne 3 ans. Son mari Albert  HOUZET, 31 ans est farinier, ils habitent maintenant Saint-Omer, au 17 rue de la Loi. 2 domestiques au domicile: Éléonore Heurtevent 21 ans, et Virgine Langlais 24 ans. AD62 M 4174  41/205

La famille réunie autour de Charles Désiré et Mélanie Fauvel Cliché pris probablement en 1882

1883

Une ère se termine le 3 juillet 1883 à 20heures 45. Charles Désiré Martel s’éteint à 79 ans.

« L’an 1883, le 4 juillet, 4 heures du soir, en la maison commune de Saint-Omer, Canton et arrondissement dudit (Pas-de-Calais) par devant nous François Ringot adjoint remplissant par délégation spéciale du maire les fonctions d’officier de l’État civil, sont comparus Joseph Lecointe âgé de 54 ans et Louis Brouart, âgé de 39 ans cordonniers domiciliés en cette ville, lesquels nous ont déclaré qu’hier à 20h45 du soir est décédé Charles Désiré Joseph Martel, propriétaire, âgé de 79 ans 3 mois, né à Saint-Omer, époux de Mélanie Fauvel domiciliée en cette ville, fils des feux Charles Marie-Joseph Martel et Charlotte Clémentine Catherine Hermant. Nous étant assuré de sa mort par notre transport en la demeure rue Allent, 9. Lecture faite, nous avons signé avec les comparants. » AD62 5 MIR 765/66   1149/1347

C’est une histoire qui se termine. Charles Désiré Martel nous a occupé tout ce XIXème siècle, il a traversé une histoire incroyable. Né l’année du sacre de Napoléon, il a pris les rênes de l’affaire familiale au début de la Monarchie de Juillet en 1833, a changé d’orientation et de domicile vers la Grand Place à l’orée du second Empire, a vendu son commerce et pris sa retraite au lendemain de la guerre de 1970.

Et a passé le relais à ses 3 enfants, dont Fanie Houzet Martel qui est à l’origine de l’écriture de toute cette histoire.

 

1886

Recensement. Fauvel Mélanie 71 ans,  veuve de Charles  Désiré Martel, propriétaire,  Edouard  Martel, 17 ans son petit fils, scolarisé à Saint-Omer, la domestique Elise Schrive 52 ans, sont au 9 de la rue Allent. Dans cette grande maison large de 4 fenêtres sur rue. AD62 M 4214 2/153

Au même moment  sa fille Fanie MARTEL, 30 ans, son époux  Albert  HOUZET 35 ans, farinier (fils de François Houzet et Alexandrine Delzoide) leurs 4 filles, Madeleine 10 ans, Germaine 8 ans, Suzanne 6 ans, Geneviève 3 ans, les domestiques Désirée Dubure 29 ans, Virginie Langlois 27 ans vivent au 15 rue de la Loi. AD62 M 4214 94/153

1891

Recensement, Albert HOUZET 39 ans farinier et  Fanie MARTEL 35 ans, leurs 4 filles Madeleine 14 ans, Germaine 13 ans, Suzanne 11 ans, Geneviève 7 ans, les domestiques  qui ont changé : Irma  Crequy 27 ans, Julie Chrétien 18 ans, tous sont au 17 rue de la Loi. AD62 M 2 MILNR 765/3     97/157

Tandis que Mélanie FAUVEL 76 ans veuve de Charles MARTEL, mère de Fanie,  et sa fidèle Elise Schryver 57 ans, vivent  au 9 de la rue Allent. AD62 2 MILNR 765/3   2/157

 

La même année 1891, Ernest  Martel a 54 ans, à Tatinghem, son fils Édouard 22 ans est « agriculteur», lui qui a habité chez ses grands parents à Saint-Omer pendant sa scolarité. AD62 M 4244  8/17

1895

Sa fille Antoinette épouse Arthur Lanselle le 10 septembre. AD62 3 E 807/13   108/161

1896

Arthur Lanselle 34 ans  est médecin installé 66 rue de Calais à Saint-Omer, Antoinette a 24 ans, leur domestique, Marie Vasseur a 26 ans.

Arthur Lanselle est fils de Charles Lanselle. « marchand de grains » à Saint-Omer à la naissance d’Alfred, frère aîné d’Arthur, en janvier 1856 , et de Coralie Péron.

La mère d’Arthur, Coralie Lanselle Péron 69 ans, veuve et sa fille Marie 36 ans, et Marie Darcques 24 ans, leur domestique  vivent au même N° 66 mais logement distinct. AD62 M 4266 21/151

Il est intéressant de voir qu’une arrière grand mère d’Arthur Lanselle, Marie Anne Vandenbossche était une Vandenbossche-Loquéty. Par les patronymes successifs: Vandenbossche, Michel, Lanselle. Et qu’à nouveau les branches Martel-Carem et Martel-Vandenbossche se rejoignent.

Ernest Martel 59 ans et Édouard 27 ans, sont tous les 2 agriculteurs à Tatinghem au même domicile, probablement 85 route Nationale. Léontine Houzet a 56 ans, elle a une « servante » : Jeanne Fouillé 23 ans. AD62 E-DEPOT 807/F 1  8/16

 

En ce début 1896 du changement chez les HOUZET.  Albert  44 ans est  maintenant représentant de commerce et non plus farinier. Fanie MARTEL 40 ans, Madeleine 19 ans, Germaine 18 ans, Suzanne 16 ans, Geneviève 12 ans, ont changé d’adresse : non plus rue de la Loi mais 44 rue de l’arbalète.  Il n’y a plus qu’une seule domestique qui a changé, elle aussi : Henriette Duval 20 ans. AD62  M 4266   9/151

Quelques semaines plus tard, c’est le drame dans la famille : à 20 ans, Madeleine, l’aînée, décède le 7 avril 1896. De quoi peut-on mourir à 20 ans ? à cette époque, en 1896 ? Le plus probable est la tuberculose, mais on a parlé de mastoïdite. AD62 3 E 765/407  30/103

 

Au 9 rue Allent, Mélanie  FAUVEL  a maintenant 80 ans et elle voit disparaître sa petite fille de 20 ans.  Elise Schryver 62 ans est secondée par une jeune Julia Lecat, 23 ans. AD62 M 4266 2/151

1900

Le 7 février, mariage de Germaine Houzet, la 2ème fille de Fanie et Albert.  elle épouse Louis Avot.

« L’an 1900, le 7 février, 5 heures du soir, en la mairie de Saint-Omer… Louis Théophile Émile Avot, industriel, âgée de 22 ans, né à Blendecques, le 25 octobre 1877, célibataire, fils mineur de Prudent Auguste Joseph Avot, fabricant de papiers, et de Ursule Marie Maxillande Vallée, sans profession, ici présents et consentants au mariage, tous 3 domiciliés au susdit Blendecques, d’une part,

et Germaine Mélanie Gabrielle Houzet, sans profession, âgée de 22 ans, née à Wizernes,  le 3 septembre 1877, célibataires, fille majeure de Albert Louis François Houzet, et de Fanny Marie Charlotte Euphémie Martel, sans profession, ici présents et consentants au mariage, tous 3 domiciliés à Saint-Omer, d’autre part…

De quoi, nous avons dressé acte en présence de Émile Avot, fabricant de papier, âgée de 55 ans, oncle paternel de l’époux, domicilié à Lumbres (Pas-de-Calais), Jules Sion, brasseur âgé de 26 ans, beau-frère de l’époux, domicilié à Saint-Omer, Auguste Martel, négociant, âgée de 58 ans, oncle maternel de l’épouse, domicilié à Lille (Nord), Géry Dantu, distillateur, âgé de 48 ans, cousin paternel de l’épouse domiciliée à Steene (Nord) et ont tous signé avec nous après lecture. AD62 3 E 765/269   6/76

Comme les Houzet, les Avot sont à Blendecques.

Ernest Houzet, 60 ans cousin de Léontine et Albert Houzet est patron d’une entreprise de farines. « Après la révolution, la famille Houzet a racheté cet ensemble de 2 moulins appelés moulins de l’Abbaye, car ils sont situés près de l’Abbaye Sainte-Colombe. Cette famille a marqué la vie de la commune avec sa société des minoteries Houzet frères qui a possédé diverses moulins de la ville où l’on produisit de la farine jusqu’en 1980. » 

Le père de Louis Avot, Prudent est fabricant de papiers, son oncle Émile Avot est aussi fabricant de papiers, mais à Lumbres.

Toute la ville de Blendecques travaille soit pour les Avot soit pour les Houzet.

« Histoire : Prudent Avot Vallée fonde une papeterie en 1865 sur le site de ce qu’on appelle la Vieille usine, dont les bâtiments seront totalement détruits en 1939. Vers 1902-1903 une deuxième usine voit le jour à quelques mètres de la première, le long de la voie ferrée. Elle est baptisée la Nouvelle usine en opposition avec la Vieille. En 1970 la société Avot Vallée dépose le bilan suite au décès de Pierre Avot. La société nouvelle des établissements Avot-Vallée est créée en 1971 sous forme de syndic et peut réembaucher 200 personnes et utiliser deux machines sur trois ; les principaux actionnaires sont les principaux clients dont la papeterie de Blendecques, les Verreries Cristalleries d’Arques, Ondulys, Béghin Say à Corbehem. »(Wizernes et Blendecques – Association Aa d’O et Guillaume Rose)

 

En 1900  et 1904 Auguste Ulrich Dambricourt, agent d’assurances, est maire de la commune de Wizernes.

1901

Albert  HOUZET a 49 ans,  il est représentant , Fanie MARTEL a 45ans, Suzanne 21 ans, Geneviève 17 ans, les domestiques  sont Julienne Capelle 20 ans et Laure Filbun 16 ans.  44, rue de l’arbalète. AD62 2 MILNR 765/5  12/151

Mélanie  FAUVEL  a 86 ans,  veuve de Charles  Désiré MARTEL, Elise  Schryver  67 ans, 9 rue Allent. AD62 2 MILNR 765/5 8/151

Le 17 juillet, le docteur Arthur Lanselle décède rue de Calais, il laisse Antoinette Martel (fille d’Ernest) veuve avec 2 enfants : Marcel  Lanselle 4 ans et Madeleine  Lanselle 3 ans.  Gabrielle Teneur 24 ans est domestique. AD62 3 E 765/412  44/92  ( voir « Lignée Le Roux»)

1905

Le 19ème siècle se termine le 21 février 1905 : Mélanie Fauvel décède en son domicile, 9 rue Allent, à 11 heures du soir.

« l’an 1905, le 21 février, 5 heures du soir, en la mairie de Saint-Omer, arrondissement dudit (Pas-de-Calais), par devant nous Clovis Darnis, premier adjoint, remplissant par délégation spéciale du maire les fonctions d’officier de l’État civil, ont comparu Louis Brouart, cordonnier, âgé de 61 ans et Arthur Clay, cantonnier municipal, âgé de 44 ans, tous 2 domiciliés en cette ville, lesquels nous ont déclaré qu’hier à 11 heures du soir est décédée Mélanie Fauvel, propriétaire, âgée de 80 ans et un mois, née à Saint-Omer où elle est domiciliée, le 17 janvier 1815, veuve de Charles Désiré Joseph Martel, fille des feux Aimable Joseph Fauvel et Charlotte Joseph Marie Martel. Nous étant assurés de sa mort par notre transport en sa demeure rue Allent, 9. Lecture faite, nous avons signé avec les comparants, lesquels nous ont déclaré que le corps de la défunte serait inhumé à Tatinghem (Pas-de-Calais). » AD62 3 E 765/416  14/89

Erreur de l’État Civil: Mélanie Fauvel est décédée à 90 ans et non 80. Née en 1815. Comme s’il était encore trop tôt !

Qu’est devenue  Elise  Schryver, la fidèle ? elle a 71 ans, si elle est encore en vie.

Sa fille Fanie Martel, avec son gendre Albert Houzet et leur 2 filles, Suzanne 27 ans et Geneviève 23 ans, prend la relève, la suite dans la maison du 9 rue Allent.

Elle a 51 ans, lui 55 ans représentant de commerce. Une domestique dans la maison, Anna Portenart 23 ans.

 

Fanie Martel

Albert Houzet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans l’avis de décès sont présents tous ces noms rencontrés au long du siècle, qui se sont alliés, côtoyés, épaulés, comme en hommage à celle grâce à qui nous les connaissons encore si bien.

 

Fanie Martel va s’atteler à la mission que lui a confiée sa mère : faire la généalogie de sa famille Martel de Saint-Omer à partir des archives qu’elle lui a laissées.

Elle décède le 21 juillet 1943.

Fanie Houzet Martel et ses filles Geneviève Cornélie, dite Kelly, et Suzanne

 

 

 

 

Ses filles Suzanne et Geneviève resteront célibataires et demeureront dans cette maison jusqu’à la fin.  Geneviève décède le 30 juillet 1962 et Suzanne le 17 août 1971.

Je garde le souvenir de ces 2 vieilles dames très douces , dignes  et courtoises dans une pièce à gauche en entrant dans cette grande maison. Et je conserve encore un objet délicieusement désuet dont elles m’avaient fait cadeau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 12 août 1905 Ernest Martel est veuf,

décès de « …Léontine Houzet 66 ans fille de feu Jean Baptiste Houzet et Sophie Primerose Mulle

À 2h du matin est comparu Martel Ernest 69 ans propriétaire domicilié à Tatinghem et Martel Édouard âgé de 36 ans agriculteur domicilié à Séninghem. » 3 E 807/21    169/214

Son fils Édouard 36 ans n’est plus au domicile familial, il est agriculteur à Séninghem.

Sa fille Antoinette veuve d’Arthur Lanselle depuis 1901 va bientôt quitter le domicile pour se remarier 3 mois après le décès de sa mère:

 

Le 8 novembre 1905 Antoinette Martel, fille d’Ernest Martel et Léontine Houzet, veuve depuis 1901 se remarie avec Louis Le Roux, fils de Jules Le Roux et Anna Hellemans à Tatinghem. AD62 3 E 807/21  109/214

Jules Le Roux est le fondateur de la cartonnerie de Gondardennes en 1896.

Les témoins du mariage, outre Ernest Martel, le père de la mariée, sont Henri le Roux, le frère du marié, industriel, il travaille avec son père Jules Le Roux à la cartonnerie, il y prendra la suite de son père, Auguste Martel, le frère d’Ernest, oncle de la mariée. Fanie Martel n’est pas signalée, en tout cas comme témoin.

Ma famille gardera un lien très fort avec Louis Le Roux, dont je garde un souvenir très précis, lorsqu’handicapé, il ne quittait que rarement  le 1er étage de son domicile 37 rue Carnot.

 

1911

Ernest Martel est recensé au 90 route Nationale à Tatinghem.

1914

9 ans après le décès de leur mère Mélanie et quelques mois avant la déclaration de la guerre, disparaissent presque simultanément les 2 fils de Mélanie Martel Fauvel et Charles Désiré Martel.

Le 23 avril 1914 Auguste décède à Lille AD59 3 E 15399  53/339

et le 24 mai 1914 décède Ernest à Tatinghem. (Archive non numérisée.)

 

 

 

Louise Bienvaux, veuve d’Auguste, mon arrière grand-mère décède à Desvres à la Villa Saint-Antoine, le 10 septembre 1918 dans le contexte de l’épidémie de grippe espagnole. Réfugiée de Lille chez son fils Georges.  AD62 3 E 268/53   102/183

Le nom de Martel issu de Charles Désiré va s’éteindre à Saint-Omer avec Édouard fils d’Ernest.

Il faudra le suivre à Lille avec Auguste Martel puis à Desvres avec son fils Georges, et son petit-fils Jacques, qui a mis au premier plan la faïencerie Géo Martel de Desvres pendant la première moitié du XXème siècle,

 

http://geo.martel.desvres.free.fr