1764 Charles Marie Martel Hermant
Charles Marie Joseph MARTEL 5 juin 1764 – 30 décembre 1833
1788
À la veille de la Révolution, la génération suivante va se constituer.
Charles Marie Martel est le frère de Guillaume Martel-Cauche et de Marie Magdeleine Revillion-Martel
Le 15 janvier, mariage de Charles Marie Joseph MARTEL (« de la paroisse de St-Denis et y demeurant ») et de Charlotte Catherine Clémentine Hermant (native de cette paroisse et y demeurant, Ste-Marguerite). 5 MIR 765/18 436/939 paroisse Sainte-Marguerite dont dépend la rue de la Loi.
« Le 15 janvier 1788 ont contracté mariage devant moi prêtre bénéficiaire de la cathédrale de St Omer soussigné, a été authorisé par maitre Joisheel curé de cette paroisse, Charles Marie Joseph Martel fils d’André Joseph Martel et de Marie Madeleine Joseph Carem natif de la paroisse de Saint Denis et y demeurant âgé de 24 ans et demi d’une part, et Charlotte Catherine Clémentine Hermant fille de feu Mathieu Joseph Hermant et de Catherine Cocquempot, native de cette paroisse et y demeurant âgée de 24 ans d’autre part, un ban ici publié et à St Denis et dispense de deux autres, témoins André Joseph Martel père du contractant, Catherine Cocquempot mère de la contractante, Pierre François Joseph Le Febvre négociant demeurant à Dunkerque, Célestin Emmanuel Philippe Hermant et Charles Dominique Joseph Hermant frères de la contractante de cette paroisse
Signatures : Bulo prêtre »
La rue de la Loi N°15 (rue de l’Oye sur le plan de 1811), proche de la place du Haut Pont. Mais il était probablement propriétaire des 2 parcelles 62 et 84.
Or on sait qu’en 1789 Marie Catherine Cocquempot, mère de Charlotte Catherine, veuve Mathieu Hermant vit rue de la Loi avec certains de ses enfants.
Mathieu Joseph Hermant est décédé dans cette paroisse le 11 août 1782 à 52 ans, il était marchand, époux de Marie Catherine Cocquempot.
À son enterrement étaient présents Charles Dominique Hermant son fils et maître Charles Henri Gregoire Thellier avocat et ancien échevin de cette ville, son ami. AD62 5 MIR 765/17 1368/1474. Son fils Charles Dominique Hermant Boyaval sera toujours rue de la Loi dans la 1ère moitié du XIXème siècle au N°15 (cadastre 84), en face des Dambricourt au 14 (cadastre 85).
à la veille de la Révolution on était chez des bourgeois de la ville, on se faisaient portraiturer.
Charlotte Catherine Clémentine Hermant
Le 22 octobre , 9 mois presque jour pour jour après leur mariage, , la première née de Charles Marie et Charlotte Hermant est Mélanie Narcisse Charlotte.
Elle décèdera adolescente de 12.5 ans le 5 janvier 1801. Elle a été baptisée paroisse St-Denis, dont dépend la rue des Epéers, par le père Bulo « soussigné prêtre bénéficier de la cathédrale de cette ville avec la permission de Monsieur le curé » de St-Denis. Est-il une relation de la famille? Pour demander la permission au curé de la paroisse afin d’officier hors de sa paroisse, à Saint-Denis. Sûrement, car c’est déjà lui qui avait marié ses parents avec la même permission. AD62 5 MIR 765/11 246/1250
1789
La Révolution
Il y a à Saint-Omer une forte présence ecclésiastique, c’est le type même de la ville ecclésiastique d’ancien régime. L’église est partout présente, mais sous des formes diverses, tant épiscopales que monacales. Le rôle d’avant-garde y est joué par l’armée. Elle est un centre judiciaire important avec un bailliage. C’est un centre commercial aux activités de productions variées. C’est une place forte pour défendre le nord-ouest du royaume.
À Saint-Omer dans les débuts de la Révolution, celle-ci fut l’affaire des citoyens actifs. La masse des audomarois était davantage préoccupée par la pénurie de blé ou le chômage que par l’instauration d’un ordre nouveau. Michel Lancelin
Le 2 novembre, les députés français votent la nationalisation des biens de l’Église.
1790
Le 4 mars, le département du Pas-de-Calais est créé en application de la loi du 22 décembre 1789 adoptée par la Constituante.
Le 8 juin, 2ème naissance: Flore Pulchérie Charlotte qui ne vivra que 10 jours, jusqu’au 19 juin. Son baptême, sur les registres de St-Denis, est célébré par le même père Bulo de la cathédrale. Le parrain a été Guillaume François Prosper Loisel capitaine commandant de la Garde Nationale de cette ville. On devine le cercle de connaissances et d’intimes du couple. Nous sommes en pleine Révolution. AD62 5 MIR 765/11 355/1250
Pierre Louis François de Laurétan devint le premier maire de Saint-Omer, le 5 février jusqu’au 2 août 1790. Il avait été mayeur sous l’Ancien Régime de 1787 à 1789.
Il avait été l’homme indispensable de l’année 1789, et n’avait pas hésité pour maintenir l’ordre à constituer une Garde Bourgeoise armée et il fut le premier commandant de cette Garde Nationale audomaroise. Au cours de la fête de la Confédération de la ville de Saint-Omer le 11 juin 1790 le colonel-commandant de la garde nationale de Saint-Omer est Monsieur de Chatenay. Il y avait une organisation, une hiérarchie dans la garde nationale et Guillaume François Prosper Loisel était capitaine-commandant à cette date. Et parrain d’un baptême.
Cette Garde Nationale succédait en fait dans le maintien de l’ordre aux 3 confréries armées : les arbalétriers, les arquebusiers, les chevaliers de l’arc en main qui, jusqu’en 1789 se préoccupaient de la police du marché et de la protection des biens. « Garde Bourgeoise » fut le premier nom de la future « Garde Nationale ».
La Garde Nationale prête serment le 11 juin 1790 lors de la fête de la Confédération de Saint-Omer.
Cet environnement relationnel permet de placer Charles Marie Martel marchand quincailler parmi « la masse des audomarois, écartée jusque-là des responsabilités politiques… les citoyens actifs, qui désormais croiront détenir l’autorité… ». Près d’un an après le déclenchement de la Révolution.
En ce qui concerne les Cahiers de Doléances, l’année précédente, les rédacteurs s’estiment lésés par les survivances de la féodalité et des abus qui résultent de la persistance du système féodal. Ils ont à se plaindre surtout de la noblesse, moins préoccupés par le roi, par le clergé, et par le peuple.
Leurs soucis sont ceux de bourgeois, vivant du négoce et soumis à l’impôt.
Leurs revendications en faveur du peuple sont bien minces. Ils réclament la liberté mais ils ne songent guère à l’égalité.
L’usage de ces termes donne à penser que les auteurs des cahiers ne souhaitaient que des réformes dont seule une minorité aisée pourrait profiter.
il saute aux yeux que le vocabulaire des « Lumières » est délaissé (Humanité, Nature, Progrès, Bonheur).
Les soucis des rédacteurs audomarois sont avant tout d’ordre pratique.
Charles Marie Joseph Martel peut être classé parmi les bourgeois commerçants de la ville.
1791
L’année suivante, les 20 et 21 juin 1791, c’est l’échec de la « fuite à Varennes » de Louis XVI.
Le 26 juillet, naît la 3ème fille Pulchérie Euphémie Charlotte. Elle décède 10 mois plus tard le 29 mai 1792 quand Mélanie Narcisse Charlotte a 3 ans ½. Ses 2 sœurs sont décédées. AD62 5 MIR 765/24 129/1280
Pulchérie, contrairement à ses 2 sœurs, a été baptisée dans la paroisse de Ste-Aldegonde, le prêtre officiant est « Blanchandin vicaire épiscopal ». Quelle est la raison de cette « délocalisation »? Sur l’acte de mariage Charlotte Catherine Hermant était de la paroisse de la Cathédrale. On ne connaît pas l’adresse de Charles Marie et Charlotte à cette période. Ont-ils habité paroisse Ste-Aldegonde? Peut-être habitent-ils chez les parents de Charles Marie au 22 (19) rue des Epéers, André Martel et Marie Madeleine Carem. À l’époque c’est un ménage avec 2 enfants puisque Flore est décédée. Peut-être perturbations de la pratique religieuse par l’agitation révolutionnaire.
Il faut noter que le 1er février de cette année 1791, la Municipalité avait réduit le nombre de paroisses à 4 : la Cathédrale, St-Denis, Saint-Sépulcre, l’église de l’abbaye de Saint Bertin. Sainte-Aldegonde n’en fait plus partie. Elle sera détruite et Le clocher qui était resté debout sera détruit par une tempête en 1800.
« L’église de Sainte-Aldegonde, l’une des plus anciennes et des plus belles de Saint-Omer, a été ruinée pendant la révolution. Son élégant clocher qui avait trouvé grâce auprès des démolisseurs de cette époque, s’écroula par l’effet de la violence de l’ouragan du 18 brumaire (9 octobre 1800). Ce ne fut qu’en 1803, que disparurent entièrement les décombres de cet édifice.» (histoire.de-wissocq.com)
La Constitution civile du Clergé avait été votée par l’Assemblée Constituante le 12 juillet 1790. Le prêtre officiant « Blanchandin vicaire épiscopal » était-il un prêtre assermenté ?
Le clergé audomarois n’avait guère applaudi aux idées nouvelles et, ni l’évêque de Saint-Omer, Mgr de Bruyères Chalabre, ni son vicaire général, l’abbé de Fabry, n’avaient approuvé la Constitution civile du clergé. Ils avaient été suivis par l’énorme majorité du clergé audomarois et, lors des cérémonies de prestation de serment en l’église Sainte Aldegonde, seuls 12 prêtres sur 159 s’étaient présentés. La mise en place d’un nouveau clergé, le clergé constitutionnel, avait pourtant pu être réalisée. Le 29 novembre 1791, l’Assemblée législative décrétait que tous les réfractaires seraient tenus pour suspects. Le clergé à Saint-Omer pendant la Révolution ICI.
(La Révolution en Province. Saint-Omer de 1789 à 1791.Michel Lancelin.)
Le 20 septembre 1792 l’Assemblée Législative instaure l’Etat Civil, remplaçant les registres paroissiaux et leurs imprécisions, leur variabilité.
Le 21 septembre proclamation de l’abolition de la monarchie.
Le 22 septembre instauration du calendrier républicain.
1794
Le 3 sept une génération disparaît : André Joseph Martel, le père de Charles Marie.
Son frère Charles Joseph Martel était disparu en 1790, le 10 avril. Ainsi disparaissent les 2 fils, fondateurs de lignée, de Pierre Martel Lezoire, de Tilques : les Martel Carem et les Martel Van den Bossche
Nous sommes 1 mois après la chute de Robespierre.
« Le 11 thermidor on apprend à Saint-Omer, devenue Morin-La-Montagne, l’arrestation et la condamnation à mort de Robespierre, le 9 thermidor, 27 juillet. En ville, c’est le soulagement. Une à une les autorités locales applaudissent à la chute du « tyran ».
Le temps du citoyen et du tutoiement n’est plus. Les maîtres sont désormais les « nantis », ceux qui, du moins, avaient eu l’habileté de se rallier à la Révolution et de traverser sans encombre la « Terreur ».
Acte de décès d’André Joseph MARTEL le 3 sept 1794 (17 fructidor AN II) 260sur1219 St-OMER AN II-AN V
« aujourd’hui 17 fructidor deuxième année républicaine 10 heures du matin en la maison commune de Saint-Omer par devant moi officier public soussigné sont comparus Charles Marie-Joseph Martel, marchand, âgé de 30 ans et Antoine Louis Bucquet aussi marchand, âgé de 50 ans, demeurant en cette commune, lesquels m’ont déclaré que André Joseph Martel, natif de cette commune, âgé de 60 ans, époux de Marie Madeleine Joseph Carem, père du premier comparants et le beau-frère du second à cause de Marie Isabelle Josèphe Martel sa femme est décédée aujourd’hui à minuit en son domicile en cette commune rue des Epéers. D’après cette déclaration je me suis sur-le-champ transporté au domicile, me suis assuré de sa mort et en ai dressé le présent acte que j’ai signé avec les comparants susnommés ». AD62 5 MIR 765/54 260sur1219.
Charles Marie Martel et Charlotte Hermant ont perdu leurs 3 premiers enfants, il faut imaginer ce couple ; ils sont seuls, après avoir eu 3 filles.
1801
Le 5 janvier, 6 ans après son grand père André Joseph, décède Mélanie Narcisse Charlotte, elle à 12 ans.
« Sur la déclaration à moi faite par Guillaume André Joseph Martel, marchand qui a dit être oncle paternel de l’enfant décédée. Et par Charles Dominique Joseph Hermant, négociant, qui a dit être oncle maternel au dit enfant demeurant en cette ville. » AD62 5 MIR 765/55 1068/1343. Des 2 côtés la famille est rassemblée. On peut imaginer en 1801 une petite Mélanie rieuse et charmante qui laisse des parents dévastés.
1802
Le 9 janvier, 4ème fille, lorsque vient Euphémie Adèle Charlotte, le 19e jour du mois de nivôse an 10 de la république. Un an après le décès de Mélanie Narcisse Charlotte. Son père et sa mère ont 38 ans. C’est elle qui épousera en 1822 son cousin germain André Joseph Revillion. Cousin mais aussi voisin.
L’une 19 rue des Epéers, l’autre 5 rue des Sœurs Grises (rue Caventou).
En effet en 1796, Marie Madeleine Martel, sœur de Charles Marie Martel (père d’Euphémie), elle avait 20 ans, a épousé François Joseph Ignace Revillion, fils de Guillaume Revillion marchand de tabac rue St-Bertin haute. C’est la première union des familles Martel et Revillion. François Revillion est rentier. Il a 28 ans. Ils auront 2 fils, André Joseph Revillion, Charles Joseph Revillion et une fille Pulchérie Joseph Charlotte.
Marie Madeleine Revillion Martel décédera à l’âge de 23 ans le 20 février 1801, 6 semaines après sa nièce Mélanie Narcisse. AD62 5 MIR 765/55 1133/1343
Acte de naissance de Euphémie Adèle Charlotte Martel d’avant-hier à cinq heures du matin fille de Charles Marie-Joseph Martel marchand âgé de 37 ans natif de cette ville et y demeurant et de Charlotte Catherine Clémentine Hermant sa femme âgée de 38 ans native de cette ville et y mariée. L’enfant a été reconnue de sexe féminin.
Premier témoin François Joseph Ignace REVILLION rentier âgé de 35 ans bel oncle paternel de l’enfant (et futur beau-père) . Second témoin Marie Catherine Charlotte Cousin âgée de 30 ans femme de Célestin Emmanuel Philippe Hermant, belle tante maternelle demeurant en cette ville sur la réquisition faite à nous par ledit Martel, ont signé C Martel, Revillion, Hermant née Cousin. AD62 5 MIR 765/34 423/1385
A la même époque : « an 10 (1801-1802) vente de Charles François Dewimille-Wallart à François Joseph Revillion, maison coin rue des sœurs grises et égalité (St-Bertin), de nord à époux Lorenzo, provenance d’acquisition de Jeanne Derycke et Descamps (Thuillier 2 floréal en 7-21 avril 1799), 7000 Fr. (4E 121-144,28/12/06) 43 202 »
Par ailleurs, un acte de l’an 13 (1804-1805) situe inchangés l’auberge de « la porte d’or » et la maison de la Veuve Guillaume Revillion (Marie-Thérèse Descamps), mère de François Revillion qui décèdera en 1809. Rue Haute de Saint Bertin.
Donc 5 ans après son mariage François Revillion achète une maison, à quelques dizaines de mètres de celle de ses parents, au coin de la rue des sœurs grises, au numéro 7, et de la rue Haute de Saint Bertin.
Mais auparavant : « Actuelle rue de la Commune de Paris – rue du faucon 1794-1795 – an 3 « vente bien national – 2 maisons vendues 12 000 à Robert Louis, et 12 375 à Ignace Revillion l Q 1822 – 30 055 ».
François Joseph Ignace Revillion (31/7/1768-27/8/1841) achète un bien national, une maison rue du Faucon.
Et comme l’évalue Michel Lancelin : « Les Audomarois, finalement, furent-ils victimes ou bénéficiaires de la Révolution ? Elle profita, en apparence, à tous ceux qui, opportunément, l’utilisèrent pour arrondir leurs biens ou préparer l’avenir. »
François Revillion, son père Guillaume Revillion, André Martel puis Charles Marie Martel sont très proches les uns des autres. Les Martel et les Revillion sont très liés, sur plusieurs générations, jusqu’au début du XXème siècle. André Martel et Guillaume Revillion demeurent à quelques dizaines de mètres l’un de l’autre. Ce sont 2 commerçants : l’un quincaillier, l’autre marchand de tabac. Et ils semblent tous avoir su « mener leur barque » dans cette période troublée.
Nous sommes au lendemain de la Révolution, la rue Haute de Saint Bertin avait pris le nom de rue de l’Égalité et la rue des Sœurs Grises correspond à l’actuelle rue Caventou.
1804
Le 16 mars. Après 4 filles, dont les 3 premières sont décédées en bas âge (à 12 ans, à 10 jours et à 10 mois), arrive donc un garçon, sa mère a déjà 40 ans. Il s’en est fallu de peu que toute une filiation n’existe pas ! Naissance de Charles Désiré Joseph Martel fils de Charles Marie Joseph Martel et de Charlotte Catherine Clémentine Hermant. Le 2ème prénom de Désiré semble résonner comme un soupir de soulagement.
« Du vingt sixième jour du mois de ventose, an douze de la République Française, onze heures du matin, acte de naissance de Charles Désiré Joseph Martel, né hier (16 mars 1804) à cinq heures du matin, de Charles Marie Joseph Martel, marchand, âgé de quarante ans natif de cette ville y demeurant et de Charlotte Catherine Clémentine Hermant, sa femme, âgée de quarante ans, native de cette ville … et y mariée . Le sexe de l’enfant a été reconnu être masculin. Premier témoin Antoine Honoré marchand, âgé de cinquante deux ans. Second témoin Guillaume André Joseph Martel (frère de Charles Marie Joseph Martel), marchand , âgé de trente quatre ans, oncle paternel de l’enfant. » (profession vérifiée sur l’acte pourtant en 1803 à la naissance de sa fille Virginie, Guillaume est huissier de justice au tribunal de commerce et à son décès en 1815 il est huissier. Il semble évident qu’il a cumulé 2 activités à une époque.) AD62 5 MIR 765/34 850/1385
On verra que les Martel ont été paysans aux 16ème et 17èmes siècles,
artisans puis commerçants au 18ème,
commerçants et professions administratives ou politiques au 19ème siècle.
Industriels et professions libérales au 20ème siècle
1808
On apprend que André Martel Carem, quincailler vivant au 19 rue des Epéers avait aussi investi dans une maison au 1 rue des Epéers.
« vente de Guillaume André Martel (7/10/1770-18/9/1815)-Cauche (30/1/1774-9/8/1811), huissier au tribunal de commerce, à Joseph Emmanuel Peuvrel-Venem, boulanger, maison entre Gery et Pétronille Codevelle, provenance succession André Martel-Carem (André Martel décédé le 3 septembre 1794 – Marie Carem décédé le 29 novembre 1795), parents (Thuillier 7 nivôse an 4 – 28 décembre 1795) 7500 Fr. (4 E 118-282, 7 décembre 1808) 39 231 ».
Puisque quelques années plus tard, cette maison, bien identifiée, est revendue: « 1824 vente de alex Wavrant, prop. à florent Cuvillier-Dercourt, prof de musique, maison 1 rue épeers, d’occ à Géry, du levant à pétronille Coudeville, prov acq tribunal de emmanuel Peuvrel-Vasseur, boulanger (30/12/15), 5000 F(4 E 117-143, 6/12/24)38256 » B Level.
Il y a donc là un milieu de bourgeoisie commerçante: Guillaume Martel, huissier et marchand, Aimable Fauvel, marchand brasseur, André Martel quincailliers puis Charles Marie Martel marchand cirier, Guillaume Revillion marchand de tabac.
André Martel Carem s’était donc constitué un patrimoine immobilier : la maison du 19 rue des Epéers, à partir de 1760, et cette maison du numéro 1. Quelques années plus tôt son père Pierre Martel était décédé encore locataire. Un siècle plus tôt son grand-père Antoine Martel-de Neuville était manouvrier à Inghem, son père Pierre Martel charpentier puis marchand quincaillier à Saint-Omer. On apprendra plus tard qu’il avait investi également dans une maison 13 rue des Epéers et une autre au 21 rue des Epéers.
Lui-même André Martel également marchand quincaillier, avec probablement une réussite commerciale.
En 1829 Jacques Joseph Martel est quincailler, 10 Grand Place, on peut imaginer que son père Charles Joseph Martel l’était aussi et que donc Pierre Martel Lezoire, ses 2 fils André et Charles et un de ses petits fils étaient quincaillers.
Dans sa thèse : « la révolution en province », Michel Lancelin décrit une ville de Saint-Omer qui s’était développée dans la période pré révolutionnaire dans une certaine aisance avec des activités multiples et prospères aidée par des moyens de communication terrestre mais aussi fluviale avec la rivière de l’Aa : construction de bateaux, grande activité autour du tabac qui employait 450 personnes, le tabac coutait beaucoup moins cher en Artois qu’en Picardie. Une activité ancienne de fabrication de pipes employant environ 500 personnes en 1789, « Les artésiens qui auraient préféré se priver d’une partie de leur pain que de leur pipe pouvaient tirer de longues bouffées des pipes en terre de Saint-Omer ». Il faudra voir l’hommage rendu à son décès, dans le Mémorial, en février 1834, à Louis Fiolet « chef de la fabrique de pipes la plus considérable de l’Europe », employant plus de 600 ouvriers.
L’entreprise Saladin dans la fabrication de la faïence emploie environ 600 personnes, le travail du cuir, du coton, de la laine, etc. 260 compagnons cardeurs de laine, 1000 ouvriers dans la fabrication des draps et étoffes. Tout ceci traduit une activité favorable au commerce dont avait profité, comme d’autres, André Martel.
Tout au long du siècle les personnages de la famille se sont élevés dans la société. L’instruction accompagnait la prospérité. Un siècle plus tôt son arrière grand père Antoine Martel manouvrier ne savait pas écrire.
Cependant les Audomanois ont affronté une très sévère crise économique en 1810-1811. Crise qui a déferlé sur l’Europe. Conséquence du Blocus Continental napoléonien.
« De 1806 à 1813, les échanges européens avaient donc été contrariés par toute une série de mesures contraignantes : Blocus continental, contre-blocus britannique, taxes, permis ou licences. En voulant soumettre l’économie à sa politique extérieure, Napoléon joua avec le feu. On ne peut porter atteinte aux circuits économiques sans qu’il n’y ait de répercussions néfastes. La crise de 1810-1811 en fut la meilleure illustration. Commencée au printemps 1810, la crise économique déferla sur toute l’Europe comme une lame de fond et connut son apogée début 1811.( Les conséquences économiques du Blocus continental. Pierre Branda)
La ville était trop voisine de l’Angleterre pour n’avoir pas à ressentir les conséquences du blocus plus que d’autres villes.
La crise se traduit tout d’abord par une hausse extraordinaire du prix du blé. Le froment blanc vendu couramment 16, 17 ou 18 Fr. l’hectolitre, atteint 46 Fr. au début de mai 1812. »
« Cessations d’activité, faillites. les fabricants de textile et les marchand drapiers qui sont les plus touchés : difficultés d’approvisionnement, diminution notable du pouvoir d’achat des clients.
Le commerce des vins, si florissant à Saint-Omer, avant la crise, si florissant aussi après 1812, est à peu près nul pendant les années qui nous occupent. la désorganisation des transports maritimes est responsable de la situation. Charles Dominique Hermant (Cocquempot), est marchand de vin, place du Haut Pont, quelques années plus tard, il a certainement souffert de cette crise.
Les détresses privées ne sont pas moins nombreuses que les mésaventures commerciales et les faillites industrielles. Jamais il n’y a eu autant d’offres de vente. Objets mobiliers, accessoires de caves, vieilleries cocasses : pour faire de l’argent, les habitants de la ville essaient de vendre tout ce qu’ils trouvent dans leur maison et qui leur paraît de débit possible.
Jamais les annonces pour des leçons n’ont été aussi nombreuses et il ne s’agit guère d’enseignement, au sens vrai du mot, mais de danse, de maintien, de jeux de cartes et s’il s’agit de musique, on propose des instruments étranges et peu usités. Cela permet de découvrir dans cette cité bourgeoise tout un monde décent d’affamés.
«Il faut reconnaître que Saint-Omer fut l’une des villes les plus éprouvés par la crise».».( L. Gaillard, Persée.)
On constate une recrudescence considérable des actes de décès en novembre, décembre 1710 et janvier 1711. Effet de la crise ou épidémie ?
1811
Le 19 mars Charles Marie Martel perd sa tante : « décès de dame Marie Isabelle Josèphe Martel ce matin à une heure âgée de 69 ans native de cette ville y demeurant veuve du sieur Louis Antoine Bucquet, fille des feus Pierre Martel et Marie Isabelle Lezoire. Sur la déclaration à moi faite par Pierre Charles Joseph Pauchut faiseur de bas et par Jean Baptiste Pichon journalier qui ont dit être voisins de la défunte, demeurant en cette ville ont signé après lecture sauf un témoin qui a déclaré ne le savoir approuvant le mot veuve légèrement surchargé. » AD62 5 MIR 765/58 510/1326 Arbre Martel Bucquet ICI
Marie Isabelle Bucquet Martel est la sœur d’André Martel-Carem, décédé en 1794 et de Charles Martel-Vandenbossche, décédé en 1790. Elle était veuve depuis le 23 janvier 1809.
À Saint-Omer, Charles Marie Martel et Charlotte Catherine Hermant vivront les années économiquement difficiles de l’Empire. Leur commerce a-t-il résisté à la crise ?
Il y a une incertitude : André Martel s’était installé 19 rue des Epéers comme marchand quincailler. Son fils Charles Marie a pris la suite dans cette maison, mais nulle part on ne trouve le titre précis de son activité : « marchand ». Était-il quincailler comme son père à ses débuts ? À son décès en 1833 il était marchand cirier. A-t-il commencé comme quincailler avec une reconversion comme cirier secondaire à la crise de 1812 ? Ou bien a-t-il toujours exercé le métier de marchand cirier ?
Les 2 premières filles de Charles Marie Martel sont baptisées paroisse St-Denis en 1788 et 1790, dont dépendait la rue des Epéers. Habitait-il dans la même maison que son père, André Martel, quincailler au N°19 ? En tout cas, il y habitera après son décès. Pourquoi et quand ce changement d’activité dans la même maison-magasin assurément, du père au fils ?
Pourtant son cousin Jacques Martel était marchand quincaillier 10 Grand place, « au Cornet d’Or » en 1829.
1815
Le 17 janvier, naissance de Mélanie Fauvel, «18 janvier 1815 10 heures du matin. Acte de naissance de Mélanie Fauvel, née hier à deux heures du matin fille du sieur Aimable Joseph Fauvel, marchand brasseur, âgé de 42 ans natif de Saint-Omer y demeurant et de dame Charlotte Joseph Marie Martel son épouse âgée de 34 ans native de cette ville et y mariée. Le sexe de l’enfant a été reconnu être féminin.
Premier témoin le sieur Jean-Baptiste Augustin Deneuville, marchand âgé de 33 ans bel oncle maternel à l’enfant (par son épouse Marie Cécile Martel, sœur de Marie Charlotte Martel et de Jacques Martel). Second témoin le sieur Jacques Joseph Martel (le père de Louis Martel, homme politique) aussi marchand âgé de 36 ans oncle maternel à l’enfant demeurant en cette ville. Sur réquisition à moi ainsi faite par le sieur Fauvel et ont signé après lecture. A. Fauvel, Deneuville Martel, J. Martel». AD62 5 MIR 765/36 382/1225
Mélanie Fauvel épousera Charles Désiré Martel, unissant les 2 branches Martel pour la suite du nom.
On peut noter pour l’anecdote que Charles Désiré est né 9 mois avant le sacre de Napoléon, le 16 mars 1804, et que Mélanie, 17 janvier 1815, est née 9 mois après les adieux de Fontainebleau : leurs 2 naissances sont séparées par un empire !
Le 18 septembre, la même année, à seulement 45 ans décède Guillaume André Joseph Martel, frère de Charles Marie Joseph Martel, oncle de Charles Désiré.
Marié à Françoise Scholastique Cauche le 15 juillet 1793, dont il a eu 9 enfants, il est veuf le 9 août 1811. Arbre de Guillaume Martel ICI
En 1814 il a une fille « illégitime », on dirait maintenant « hors mariage », de Véronique Aldegonde Gontier : Élise Justine Joseph Martel. Qui décède à l’âge de 14 mois le 28 mars 1815.
6 semaines plus tard il épouse sa mère Véronique Gontier le 15 mai 1815. Dans l’acte de mariage les témoins sont tous du côté Gontier. De manière tout à fait inhabituelle aucun représentant de la famille Martel !
Et lui-même décède après 4 mois de mariage le 18 septembre.
« Décès de Guillaume André Joseph MARTEL, huissier, décédé à une heure du soir, âgé de 45 ans, natif de cette ville et y demeurant, veuf en premières noces de dame Françoise Scholastique Cauche, décédée en 1811 à 37 ans, et en secondes noces de Véronique Aldegonde Joseph Gonthier. Fils de feu André Joseph Martel et Marie Madeleine Joseph Carem.
Sur la déclaration à moi faite par Charles Pauchut faiseur de bas, âgé de 45 ans et par Jean Baptiste Pichon journalier âgé de 44 ans qui ont dit être voisins du défunt demeurant en cette ville et ont signé après lecture sauf le dit Pichon qui a déclaré ne le savoir.
Constaté par moi Pierre-François Wettringue maire de Saint-Omer soussigné. »
On retrouvera à plusieurs reprises Jean Baptiste Pichon comme déclarant de décès. Il apparait comme bedeau dans un recensement.
De Françoise Scholastique Cauche seuls 2 survivants:
Leur fils Élie André Martel né le 29 août 1801 décèdera le 26 septembre 1863 à Marville dans la Meuse, où il avait épousé Marie Anne Évrard. Il était «ancien employé du ministère de l’intérieur.» AD62 5 MIR 765/34 332/1385, AD55 2 E 332 (16) 30/226, 2 E 332 (16) 157/226, 2 E 332 (6) 288/374
Leur fils Désiré Parfait Martel né le 28 décembre 1805, est pris en charge, à 15 ans en 1820, par sa tante. En septembre 1831 il est professeur d’écriture à Versailles. Il aurait épousé Marie-Joseph Guffroy, d’après la généalogie de Fanny Houzet-Martel. (voir la page consacrée à Guillaume Martel)
Au début du siècle Louis Bucquet et Marie Isabelle Martel (sœur d’André Martel-Carem et de Charles Martel-Vandenbossche) possédaient une grande maison 17 grand place avec cour et écurie, apparemment cabaret.
Louis Bucquet décède en 1809, son épouse Marie Isabelle Martel en 1811. Leur gendre Jean Baptiste Pannier vend cette maison en 1816.
En effet :
En 1816, 5 ans après le décès de Marie Isabelle Joseph Bucquet Martel sa belle mère, Jean-Baptiste Pannier, mari de Marie Isabelle Bucquet : « vente de Jean-Baptiste Pannier-Bucquet, marchand de bois, à Marie Joseph Brassart, maison 17 grand-place, cabaret « au bout du fossé, la culbute » entre Frehet et demoiselle Corroyette, du levant à la place, provenant à dame Bucquet de succession Antoine Louis Bucquet-Martel, ses parents, et à eux pour ½ de Pierre François Rolland-Lefebvre, boulanger (Eudes 29 vendémiaire an 7), et pour ½ de Michel Demyntes, marchand (Eudes an 12), maison, cour et écurie, loué à Louis Diot-Meus, cabaretier, 6600 Fr. (vente 28/3/1816 4E 121-431) 34 196. »
Louis Antoine Bucquet (25/2/1744-23/1/1809) a épousé le 7 juin 1767 Marie Isabelle Joseph Martel (19/8/1742-19/3/1811). Jean-Baptiste Pannier Bucquet est leur gendre et « dame Bucquet » est Marie-Isabelle leur fille. AD62 5 MIR 765/63 112/1280 Saint Aldegonde.
1820
Apparaît le premier recensement de population à Saint-Omer.
Les recensements apportent désormais des renseignements de plus en plus précis.
Pour les recherches j’ai l’impression que le XIX siècle commence maintenant.
En 1820 les familles ne sont situées que Canton Nord ou Canton Sud, sans noms de rues. Mais si l’on pense que les noms et N° sont un peu les mêmes qu’en 1829 :
La lignée Martel –Vandenbossche est plutôt au nord :
-Jean-Baptiste Deneuville, marchand épicier et Marie Cécile Martel sont 47 Place Royale
-Jacques Joseph Martel , marchand et Françoise Rosalie Hermant sont également 10 Place Royale
-Charles Roëls, notaire et Marie Joseph Martel 10 rue Saint-Sépulcre
-Aimable Fauvel, brasseur et Charlotte Joseph Martel rue du Cableau (rue de Cassel actuelle)
La lignée Martel – Carem plutôt au sud
-Charles Marie Martel, marchand et Charlotte Hermant 19 rue des Epéers
-François Revillion, commissaire-priseur veuf de Marie Madeleine Martel 7 rue des Sœurs Grises
-François Eloi Carem
La maison du 19 rue des Epéers, domicile de Charles Marie Joseph Martel, Charlotte Catherine Hermant et leurs 2 enfants, Euphémie et Charles Désiré, voit du changement :
1822
Le 22 juillet Euphémie Martel, 20 ans, épouse André Revillion, son cousin, et voisin, et quitte le domicile paternel.
Le père d’André Revillion, François, habite à 2 pas, 7 rue des Sœurs Grises, sa mère Marie Madeleine Martel est la sœur de Charles Marie.
Le marié, André Joseph Revillion est « écrivain », âgé de 24 ans. A 24 ans, il est noté « fils mineur » du sieur François Revillion. Son père est commissaire-priseur.
Les témoins sont les 2 frères de Charlotte Catherine, oncles de la mariée : Charles Dominique Hermant, 57 ans, commissionnaire de roulage marchand de vin, place du Haut Pont et Célestin Hermant, 54 ans, marchand. Ce sont les Hermant-Cocquempot. AD62 5 MIR 765/48 549/1373
Écrivain : Écrivain public, à cette époque peu de gens savaient lire et écrire .
Commissionnaire de Roulage : Livreur chargé d’acheminer les marchandises, livrées en gros par les rouliers, au client final.
Les 2 autres témoins: Antonin Léopold Mulle commissaire-priseur âgé de 32 ans et Charles Valentin Vassaud, praticien 29 ans, demeurant en cette ville.
Le praticien : Jeune juriste qui exerce des fonctions de clerc ou de stagiaire dans un office de notaire.
Dans les années 1830 Charles Hermant est toujours place du Haut Pont et il utilisera les colonnes du Mémorial Artésien pour ses publicités:
« Le vendredi 3 septembre 1830, 3 heures de relevée, les Commissaires-Priseurs procéderont à la vente, au plus offrant et dernier enchérisseur, dans un des magasins de M.Hermant, commissionnaire de roulage, place du Haut Pont à Saint-Omer, de onze barriques et douze demi-barriques de vins de Saint-Georges, Blaye, Fleury, Médoc, Tavel, Picardan et Muscat. Treize paniers contenant… le tout en excellente qualité. » Les commissaire-priseur sont probablement François Revillion et Antonin Mulle.
Il sera aussi point relais pour les voitures de passagers vers Calais et Dunkerque.
« les voyageurs sont prévenus… qu’il partira tous les jours pour Dunkerque à 7 h précises du matin, de chez M Hermant, place du Haut-Pont, une voiture à 4 roues, place pour 5 personnes, pour arriver à midi… retour à 7 h du soir. 3fr. 50c tout compris.» Mémorial Artésien du 18/2/1836
Deux Familles HERMANT distinctes alliées aux Martel.
1829
un recensement intéressant car il donne les noms, âges, N° de rue des résidents et les professions. AD62 M 3765
– Jean Baptiste Augustin Deneuville négociant et Marie Cécile Martel sont au 47 Grand Place
– Charles Deneuville leur fils de 14 ans est pensionnaire 3 rue au Vent, il sera prêtre.
– Aimable Fauvel brasseur et Charlotte Martel sont 212 Place du Haut-Pont
– Célestin Hermant 60 ans raffineur de sel et Marie Cousin sont 175 rue de Dunkerque
– Charles Hermant 63 ans négociant et Marie Boyaval sont au 206 rue de Dunkerque
– François Marie Hermant 37 ans marchand de vin en gros et Lucie Henneguier au 85 rue Royale
– Marie Hermant 35 ans marchand tanneur et Louise Lamy 21 quai des salines
– François Houzet 15 ans et Alexandre Houzet 12 ans enfants de Houzet Loridan, pensionnaires 6 rue de l’œil
– Charles Marie Martel 66 ans fabricant de chandelles et Charlotte Hermant 19 rue des Epeers
– Jacques Martel 50 ans marchand quincailler et Rosalie Hermant 10 Grand Place
– André Revillion 30 ans rentier et Euphémie Martel 5 rue des sœurs grises
– François Ignace Revillion 60 ans veuf commissaire priseur 7 rue des sœurs grises
– Charles Roëls 43 ans notaire veuf de Marie Joseph Martel 10 rue St Sépulcre
– Augustin Vandenbossche 62 ans marchand de toile et Marie Thérèse Malbrancq 8 rue écusserie
– Pierre Vandenbossche 70 ans propriétaire et Eugénie Boyaval 2 rue Lion Blanc
1830
Un article du Mémorial du 5 mars 1830 sur l’état de la circulation à Saint-Omer :
« les rues de Saint-Omer sont beaucoup plus obstruées par les meubles et les objets de diverses sortes qu’y étaient tous les jours les revendeurs, contrairement aux règlements de police. Quelques-unes de nos rues, en effet, comme celle du Saint Sépulcre, du Damier, de l’Arbalète, la Litte-rue, etc. sont tellement encombrées qu’elles laissent à peine assez de place pour que 2 voitures y passent de front, et que souvent les piétons courent le risque d’être écrasés. »
Les journées de juillet 1830 à Paris ont un écho à Saint-Omer, mais les nouvelles arrivent avec quelques jours de retard. Aucune mention dans le Mémorial du 1er août.
Saint-Omer, le 4 août
…, l’inquiétude et l’espoir se manifestaient. Les courriers n’étaient point arrivés. Mais le passage de quelques voyageurs et des lettres particulières nous avaient informés de ce qui se passait dans la capitale ; des groupes se formaient et demandaient des armes… le peuple, qui voulait pourvoir à sa propre sûreté. Les troupes du camp étaient parties depuis 2 jours ; une faible garnison nous restait. Cette patience fut poussée presque à bout, lorsque le dimanche matin on s’aperçut que des canons étaient braqués sur le rempart du côté de l’arsenal, que des caissons servaient de barricades, et que des gendarmes étaient arrivés pendant la nuit, ainsi que 2 compagnies d’élite du 7e régiment de ligne. Ce fut alors que les habitants exigèrent que des armes leur fussent distribuées sur-le-champ. Une commission s’était spontanément formée pour procéder à une organisation provisoire de la garde nationale.
… vers le soir on commença une première délivrance d’armes, les postes furent distribuées et le service fut réparti sur les divers points entre les militaires et les citoyens.
Dans la nuit 2 escadrons de chasseurs à cheval se présentèrent et l’entrée de la ville leur fut refusée par la garde nationale. Le lundi, un état complet de tranquillité régnait dans la ville ; la garde nationale s’organisait par le zèle du comité ; les distributions d’armes se faisaient avec ordre. Les nouvelles de Paris étaient arrivées et la population se réjouissait, impatiente d’arborer les couleurs nationales ; la foule était réunie sur la place d’armes. À midi, le drapeau français, porté par Monsieur le baron Olivier, fut salué par la garde aux acclamations des citoyens réunis ; l’enthousiasme était au comble.
1831
Charles Marie MARTEL a 68 ans, il est marchand cirier, son épouse Charlotte Hermant a 68 ans, Charles Désiré Martel leur fils a 28 ans, ils habitent 19 rue des Epéers, la maison acquise en 1760 par son père André Martel Carem. Ils ont une domestique, Adèle Dupont, 21 ans.
Euphémie, la sœur ainée de Charles Désiré n’est plus domiciliée rue des Epéers, elle avait quitté le domicile paternel en épousant André Revillion en juillet 1822.
André Revillion et Euphémie habitent rue des Sœurs Grises (actuelle rue Caventou) juste à côté de la rue des Epéers. Ils sont voisins. Charles Désiré travaille avec son père. AD 3816 80/190
Dans le Mémorial, l’animation locale, le 24 février 1831 « Spectacle extraordinaire sur la Grand Place, colosse de Rhodes, courses des Mamelucks comme cela se pratique à Constantinople aux fêtes du Sultan. Le cheval arabe sera monté par Mr Lalanne père. »
Et le 5 juin, « c’est la ducasse, réjouissez-vous ! ».
Et 6 mois plus tard : un prestidigitateur. « M.Heil, prestidigitateur breveté de S.M. le Roi de Bavière est depuis quelques temps en France… partout ses talents ont mérité les éloges les plus flatteurs… il donnera aujourd’hui jeudi 29 février une représentation de son spectacle qu’il variera à chaque séance – La loge sera bien chauffée et il y aura de la musique allemande.»
L’hiver suivant 1831-1832 est rude. La glace se forme sur l’eau. Le 12 janvier : « Dimanche dernier un jeune homme de cette ville est tombé à l’eau dans un trou qu’on avait pratiqué sous la glace ; il parvint à s’en retirer. La veille un enfant était également tombé près du même endroit et fut heureusement sauvé par un homme qui s’était aperçu de la disparition de l’enfant. »
Et la grande affaire de la décennie à Saint-Omer : « le 11 janvier le Conseil Municipal vient de délibérer sur la reconstruction de l’hôtel de ville.»
Les discussions et polémiques commencent au sujet de l’emplacement sur la Place. Le Conseil opte pour le même emplacement, « l’opinion presque générale » était pour la construction sur le côté opposé, à l’ouest. »
Le 1er avril 1832 le choléra se déclare à Paris, il provient des quartiers de la rive gauche, « ils habitent les rues sales et étroites de la Cité et du quartier Notre Dame. »
À Saint-Omer l’épidémie apparaît et dans le N° du Mémorial du 6 mai : « …il vaut mieux la dire pour empêcher la rumeur publique de présenter le mal plus grave qu’il ne l’est en effet. D’après le rapport des gens de l’art, un cas de choléra s’est manifesté hier au faubourg du Haut-Pont ; une femme, âgée de 28 ans, en a été atteinte et elle a succombé ce matin. Cette femme habitait un lieu humide et insalubre près de la rivière. »
C’est l’occasion de faire un état des lieux de certains quartiers de la ville :
«… La plupart des habitations de cette ruelle sont petites, humides, et renferment un nombre d’individus proportionnellement trop grands. Ces maisons sont encore presque toutes privées de latrines ; or, que deviennent les ordures qui sortent journellement de ces demeures ? Ce que nous venons de dire pour le cul-de-sac du marché aux poissons, peut s’appliquer aussi à beaucoup d’autres rues des quartiers bas de la ville. »
« Je passe à une autre cause d’insalubrité ; c’est de nos quais que je veux parler. Des moulins de Saint Bertin à la porte du Haut-Pont, le courant continu des eaux n’offre que de la sécurité, il y a peu d’émanations vaseuses dans cette longueur ; mais il n’en est pas de même dans cette partie du quai qui s’étend de la porte du Haut-Pont à la porte de Calais ; en effet, le mouvement de l’eau de cette ligne de la rivière n’a lieu qu’une fois le jour durant quelques moments seulement, aussi les émanations de cette sorte de mare sont-elles fort sensibles ; c’est la nuit surtout qu’elles agissent de toute leur intensité, c’est en ce moment qu’elles se dissolvent dans l’air revenu par l’absence des rayons du jour à sa densité normale, à un plus haut degré hygrométrique ; c’est aussi dans ce moment que pénétrant dans les lieux habités, cet air peut y déposer les aliments de l’épidémie, les germes de beaucoup d’affections morbides. »
Dans le N° du 2 septembre 1832 du Mémorial : Dernier bilan du choléra à Saint-Omer : 373 personnes atteintes, 126 décès. L’épidémie aura duré 6 mois.
Fin décembre 1831 il y avait 19344 habitants à Saint-Omer.
Mais les débats au sujet du nouvel Hôtel de Ville continuent: le 19 août, « L’Hôtel-De-Ville. Les uns ont voulu l’avoir à gauche, les autres à droite, ceux-ci dans le milieu, ceux-là sur des roulettes, à cette fin de contenter tout le monde ; mais, jusqu’à présent, le pauvre hôtel de ville est suspendu, et on ne sait pas encore de quel côté il tombera… Qu’est-il donc résulté de cette diversité de manière de voir ? Des briques amoncelées… »
La ville a d’autres projets, fin mars 1833 : «Projet pour la construction d’une salle de concert à Saint-Omer, sur la place de Sainte-Marguerite. »
Et début novembre : « Les travaux de construction de notre nouvelle salle de concert sont commencés.»
En mars 1834 « Concours pour la construction, sur le terrain dit flégard des Dominicains, d’un édifice destiné à une école mutuelle, aux écoles d’architecture et de dessin. Le maire G. Armand.»
L’économie est en marche avec un Projet de Chemin de fer de Paris à Calais via St-Omer. Annoncé le 29 septembre 1833. En 1843 le tracé sera encore en débat.
Décembre 1834, on s’impatiente dans le Mémorial : « Dimanche dernier, la ville de Boulogne a été éclairée pour la première fois par le gaz. Saint-Omer conserve l’avantage d’être plus économiquement éclairée par la lune, quand on juge qu’elle voudra bien se montrer… ». En 1843, la municipalité décide de l’adjudication de l’éclairage au gaz de la ville.
1833
Le 30 décembre, décède Charles Marie Joseph Martel, marchand cirier, âgé de soixante neuf ans (1764), natif de cette ville, époux de Charlotte Catherine Clémentine Hermant 68 ans, en son domicile rue de l’Epéers. On trouve « rue de l’Epéers » aussi bien que « rue des Epéers ».
« L’an mil huit cent trente trois le trente et un décembre à dix heures du matin, en la maison commune de Saint-Omer, par devant nous maire officier de l’état civil sont comparu Felix Beugin, instituteur âgé de trente six ans et Jean Baptiste Pichon, journalier, âgé de soixante deux ans, tous deux domiciliés dans cette ville, lesquels nous ont déclaré que hier à sept heures du soir est décédé le sieur Charles Marie Joseph Martel, marchand cirier, âgé de soixante neuf ans (1764), natif de cette ville, époux de Charlotte Catherine Clémentine Hermant, fils du sieur André Joseph Martel et Marie Madeleine Carem, nous étant assuré de sa mort par notre transport en son domicile rue de l’Epéers. Lecture faite, nous avons signé avec le premier comparant, le second a dit ne le savoir.» AD62 5 MIR 765/61 367/1429
L’omniprésent Jean Baptiste Pichon journalier 62 ans déclare le décès à la mairie, il avait déjà déclaré le décès de Marie Isabelle Josèphe Martel en 1811 et de Guillaume MARTEL en 1815 à 44 ans disant qu’il était voisin des défunts, cependant en 1831 il habite rue Courteville, canton nord, donc pas du tout voisin de la rue des Epéers. Un recensement le désigne comme bedeau et on le voit déclarant de plusieurs décès.
Charles Marie Joseph Martel était recensé en 1829 comme « fabricant de chandelles ».
Son père André Martel qui avait acquis la maison de la rue des Epéers y était marchand quincailler.
A quel moment a eu lieu le changement d’activité au 19 rue des Epéers ? Est-ce un effet de la grande crise économique de 1811 – 1812 ?
Je ne connaissais pas cette profession. La dénomination de cirier et marchand cirier m’intriguait. J’ignorais ce commerce. La découverte du « Nouveau manuel complet du Chandelier et du Cirier » de Georges Petit, édité en 1909 a « éclairé ma lanterne ». Distinction entre les chandelles faites de suif d’origine animale et les bougies et cierges faits de cire d’abeille, plus couteux mais plus propres.
Charles Désiré, lui, poursuit l’activité de son père (marchand cirier) et habite seul avec sa mère Charlotte Martel Hermant. Jusqu’à son mariage.